Retour à Saint Dizier en Haute-Marne après des années d'absence de ma part, la faute à une programmation pas du tout à mon goût. Là, je voulais voir PRAETOR et SUICIDAL ANGELS et puis la perspective de revoir KRONOS 15 ans après m'intéressait pas mal aussi. La soirée fut très bonne même si, en discutant avec Yannick, l'un des piliers de cette organisation, ce n'est pas l'affluence habituelle, dommage, les absents ont eu tort, c'est aussi ce qu'ils devaient se dire les dernières années à mon propos.

La soirée débute pour moi par PRAETOR, j'ai déjà vu DEADWOOD et leur Groove Metal ne me parle pas du tout, je fais donc volontairement l'impasse, ce qui me laisse le temps de me poser après le travail et faire la route sereinement. Le groupe est déjà à l’œuvre lorsque j'arrive, les Luxembourgeois tournent depuis plusieurs mois avec Axel, en guitariste live, en remplacement de Noémie qui doit se soigner. PRAETOR a publié son premier album éponyme en 2023 et le Thrash très rentre dedans du groupe avait titillé mes esgourdes. Je suis un peu déstabilisé par le mimétisme poussé de Hugo, le guitariste chanteur du groupe, avec James Hetfield, la voix, la posture, le code vestimentaire, si sur album cela ne m'avait pas plus marqué que ça, là, en visuel, c'est quand même assez gênant, surtout lorsque le groupe balance la première moitié de "Master Of Puppets" de METALLICA en début de show pour réveiller le public visiblement. Heureusement, ce que j'avais décelé chez PRAETOR se révèle finalement au fur et à mesure du show, un bon Thrash old-school très 80's qui renvoie aussi vers TESTAMENT ou EXODUS. "Mass Extinction" vient réveiller un public qui avait déjà montré quelques signes d'éveil lors de la reprise mais le groupe sent enfin un peu d'énergie de la part d'une fosse qui commence à bouger. Le groupe a également dans sa besace quelques passages plus mid-tempo qui finissent de mettre en relief une prestation solide de la part d'un groupe qui enregistre son deuxième album qui devrait voir le jour en mai 2025. A suivre donc, la scène Thrash est vraiment intéressante dans l'Est de la France avec WARFAITH et RAZOR BUTCHERS. Il faut dire également que le son lorsque l'on se trouve au premier rang n'est pas très bon, la batterie est noyée dans le reste, cela s'arrange lorsque je décide à me reculer un peu, je retiens la leçon pour les groupes suivants.

Le groupe suivant c'est KRONOS. Entre 1994 et 2017, les Vosgiens assènent leur Brutal Death Metal et sillonne les routes pour promouvoir ses 3 premiers albums, c'est à cette occasion que je les verrais plusieurs fois. Mais en 2017, après un quatrième album pourtant sorti chez Unique Leader Records, l'une des références dans ce style, le groupe se retire. En 2023, le line-up constitué autour du chanteur Christophe Gérardin se forme avec Mike Sacco à la batterie, de retour dans le groupe, Jérôme Grammaire, le guitariste indéboulonnable de KRONOS, Tom à la basse et Richard à la deuxième guitare, autant dire qu'on est là sur du costaud, du très lourd même en termes de technique. Il est impressionnant de voir qu'après toutes ces années, le groupe a toujours cet impact puissant, un Brutal Death Metal super bien ficelé, les Vosgiens vont se concentrer sur leur deuxième album, Colossal Titan Strife, paru chez Xtreem Music, un autre pilier de la scène Death, d'où cette question qui me vient, qu'est-ce qu'il a manqué au groupe pour passer un cap et avoir une reconnaissance plus grande dans la scène ? "Haterealm" extrait de ce deuxième album justement donne une saveur presque Grindeath à un show déjà bien brutal et le public envoie les pogos et cercle-pits. Quelques slams apparaissent également, le tout dans une bonne ambiance avec la sécurité très souriante. Christophe demande encore plus d'énergie dans le public, et bam, le cercle-pit prend de l'ampleur pour prendre une bonne moitié de la salle. The Hellenic Terror est également mis à l'honneur, ce qui ne fait absolument pas perdre le show en intensité, il faut dire que les 3 premiers albums de KRONOS sont quand même bien efficace. Le jeu de guitare et de basse est absolument monstrueux, le chant n'a rien perdu de sa profondeur, il est étonnant de voir comme il semble ne pas forcer du tout, une nouvelle jeunesse pour ce combo sur lequel, le public Brutal Death Metal doit absolument se pencher si ce n'est pas déjà fait. En tout cas, en 2024, les bougres donnent encore la leçon ! La bonne surprise de la soirée

Les lumières s'éteignent, une musique samplée très orchestrale et épique est lancée, l'ambiance commence à monter dans la salle, gentiment, et lorsque les premières notes sont lâchées, on constate un son de grande qualité. SUICIDAL ANGELS n'est pas connu pour son originalité, le parallèle avec KREATOR est difficile à dissimuler mais c'est direct, sans fioritures, ni compromis. "Crypts Of Madness" nous amène sur des terres un peu plus Slayeriennes tout comme "Purified By Fire", deux titres extraits du dernier album en date des Grecs, Profane Prayer, sorti en début d'année chez Nuclear Blast. "Bloodbath" nous ramène quelques années en arrière dans la carrière du groupe, le titre est ultra old-school et un circle-pit se déclenche aussitôt. A l'époque, Gus Drax, le guitariste lead du groupe, n'était pas présent mais c'est l'occasion d'apprécier le talent de ce dernier dans la réinterprétation des leads. Il filoche avec son manche dans une aisance assez déconcertante alors que Nick, le guitariste chanteur, est dans un registre plus brut et primaire, une bonne alchimie qui fonctionne parfaitement sur scène en tout cas. Une autre alchimie à souligner, c'est celle entre Aggelos (basse) et Gus, le premier déclenchant ou arrêtant, certains effets lorsque le deuxième est à l'autre bout de la scène, le tout avec un sourire complice, les Grecs ont la banane et ça fait bien plaisir à voir. "Virtues Of Destruction" nous ramène vers le dernier album en date et de nouveau l'esprit de SLAYER planne au dessus du groupe avant que "Born Of Hate" de l'album précédent ne soit décoché, un titre efficace sur un album ayant reçu un accueil plutôt mitigé à l'époque. "Capital Of War", titre qui ouvre Division Of Blood (2016) raisonne comme l'hymne fédérateur qui met tout le monde d'accord et à la sortie, le public est unanime, SUICIDAL ANGELS a délivré un excellent show très solide, porté par un chanteur qui n'a pas arrêté d'aller chercher le public, un guitariste lead très affuté et sacrément bon, un bassiste ayant la bougeotte et loin d'être manchot en plus de ça sans parler d'Orpheas, le batteur qui ne faiblit pas imprimant un tempo régulier et une cadence intense sur ce show de la part d'un groupe pour lequel j'étais curieux, une bonne découverte scénique. Les Grecs ont fait plusieurs aller-retours en NUCLEAR BLAST et plusieurs autres labels plus confidentiels, preuve que la carrière de SUICIDAL ANGELS n'est pas un long fleuve tranquille et que le groupe peine à trouver son public, mais ce soir, au Lezard'Os, ils ont convaincus, c'est certain !

Bravo à L.A. Events et LEZARD'OS pour cette belle programmation, en partenariat avec la ville de Saint Dizier qui soutien le projet, c'est assez rare pour être souligné, en espérant que cette affiche plus old-school ne fera pas reculer l'organisation et continuera de proposer autre chose que toujours les mêmes groupes de Metalcore, Hardcore Metal, Nu Metal ou je ne sais comment les catégoriser, par exemple, ONSLAUGHT tourne en 2025.... voilà je dis ça juste comme ça, au passage ! A l'année prochaine, j'espère, donc !