Voici nos critiques / avis / réflexions sur le film LORDS OF CHAOS sorti en février dernier sur grand écran. N'hésitez pas à donner le votre !
"La seule église qui illumine, c'est celle qui brûle." Citation pas du tout tirée du film, mais ça collait bien...
Jus de cadavre :
Avant toute chose je tiens à préciser que j'ai vu le film en anglais sans sous-titre. Donc même si ce n'est pas du Shakespeare quelques subtilités ont pu m'échapper.
Le voilà donc ce fameux film dont toute la scène Metal parle depuis des semaines. Le film qui se fait chier dessus sans même être sorti, et moi-même je n'ai pas été le dernier à être pour le moins dubitatif par rapport au projet. Quel était l’intérêt ? Le but de faire un film là-dessus ? Y a t-il vraiment besoin d'exposer au grand public toute cette histoire ? Qui dès le début aurait dû rester dans l'ombre selon moi. On parle de BM, pas de pop ou de rock destiné à faire remuer les masses !
Mais bon, un livre est sorti, puis le film. Et moi j'ai vieilli, mûri (encore que...) et j'ai laissé de côté la "trvitude" adolescente qui anime la plupart des jeunes metalleux au moment de leur découverte de tout cet univers. "Nous contre le monde", etc... 'Fin vous connaissez le refrain.
Je connaissais bien sûr le livre. Je l'ai dévoré dès sa sortie en français (chez Camion Noir). Et il m'a fasciné, le mot est faible ! "Ouah, y a des mecs en Norvège ils ont carrément lié les actes aux paroles..." Pour moi la seconde vague Black Metal en Norvège avait tout simplement donné de la crédibilité à la scène Metal mondiale en faisant voir que tout ça ce n'était pas que du cinoche et que non, tous les metalleux n'étaient pas des guignols inoffensifs.
Bon et donc, ce film ? Je le dis sans ambages, c'est une réussite selon moi. Je ne me suis pas ennuyé du tout, j'étais même à fond dedans (et concentré : sans les sous titres, il fallait !). Je ne suis pas forcément un cinéphile et je n'y connais rien en technique cinématographique, mais le tout m'a semblé très bien réalisé, il y a du rythme, la photographie est jolie (certaines scènes sont très impressionnantes, vous devinez lesquelles, mais on y reviendra). Les acteurs sont bons, même si il peut y avoir des "mais".
Pour l'histoire, je pense que si vous êtes là, en train de lire ça, c'est que vous devez la connaître, mais je mets le résumé officiel au cas où (pour les mecs qui se sont perdus ici)... :
"Dans le climat beaucoup trop apaisé de la Norvège des années 1990, Euronymous fonde le groupe Mayhem et devient l’épicentre de la nouvelle scène black métal norvégienne. Sa rencontre avec Varg Vikernes, l’homme derrière le projet musical Burzum, va précipiter les membres de son cercle dans une surenchère criminelle."
Voilà, simple, efficace. Pour entrer dans le vif du sujet je dirais que ce film c'est l'histoire de deux mecs qui se fascinent l'un et l'autre. Deux mecs qui si ils ne s'étaient pas rencontrés, les choses auraient été très différentes. Et ce style de musique ne serait certainement pas entré dans la légende. C'est aussi l'histoire de deux visions différentes de ce que doit être le Black Metal. Et c'est là qu'on voit que le sujet est maitrisé et ça fait plaisir. Jonas Åkerlund le réalisateur suédois, ancien batteur de BATHORY, connait le sujet, et ça saute au yeux. Les clichés sur les metalleux, parce qu'il y en a dans le film, sonnent juste en fait... Alors on peut critiquer le bonhomme pour certains trucs qu'il a fait dans sa carrière (des clips pour starlettes US...) mais bon le mec il sait de quoi il parle quand il s'agit de BM, que vous le vouliez ou non.
Alors le film suit de très près le livre du même nom, pas de surprise là-dessus. L'adaptation se concentre sur la période allant de 1988 à la mort d'Euronymous en 1993. Le "héros" choisit, n'est autre que lui d'ailleurs, c'est sa vie, son groupe que l'on suit dans le film. Varg vient tout chambouler mais ce n'est pas le personnage central du film. On n'entend même la voix off du personnage d'Euronymous qui explique deux ou trois choses de temps en temps, mais ce n'est pas envahissant durant le film. L'histoire commence donc en gros à l'arrivée de Dead dans MAYHEM en 88. Quel personnage ce Dead (Per Yngve Ohlin, de son vrai nom) ! Je ne vais pas vous retracer l'histoire de MAYHEM, mais on est en plein dedans avec le film, on baigne dans toute cette ambiance de folie, on zone limite avec les mecs dans le magasin de disque du chef, le Helvete (enfer en norvégien). Franchement on s'y croirait.
Le film bascule avec le suicide de Dead. On comprend avec cette scène que rien ne sera épargné au spectateur, on va tout nous montrer. La scène est brutale et sans filtre, on voit tout et surtout du sang. Bon je n'ai jamais vu quelqu'un se suicider mais ça fait très réaliste. Puis vient la fameuse photo du cadavre par Euronymous etc... Bref on est déçu que Dead se fasse sauter le caisson si rapidement tellement le personnage est attachant. Il ne parle pas beaucoup, mais l'acteur (Jack Kilmer, le fils de Val) joue à merveille j'ai trouvé. Le film insiste sur l'attachement amical entre Dead et Euronymous, et même si ce dernier ne veut pas l'avouer ça rend le personnage d'Euronymous très humain. Il sera même hanté par des visions de son ami après son suicide. Je ne sais pas si c'est vrai (et on ne le saura jamais) mais ça semble plausible. Leur lien semblait fort et sincère. Après c'est un parti pris du réal.
L'acteur qui joue le rôle d'Euronymous (Øystein Aarseth de son vrai nom) sort clairement du lot aussi. Il s'agit de Rory Culkin (le frère de Macaulay "Maman, j'ai raté l'avion"). A fond dans son personnage, l'acteur donne un côté très humain, limite sympathique, au Prince des ténèbres qu'il incarne. Là aussi gros parti pris du réalisateur. Je trouve que Øystein est assez épargné par les critiques et au final c'est le mec qui se fait complétement dépasser par les évènements. C'est une des petites critiques que je pourrai relever, je pense que la réalité était plus nuancé... Mais le réal ayant eu des liens avec les parents d'Euronymous (pour des questions de droit je pense) il y a peut-être eu des demandes de la famille de ne pas trop égratigner leur progéniture... Enfin, ça c'est mon avis, et je ne dis pas que j'ai raison. Mais j'ai eu cette petite impression quand même. Idem, l'homosexualité supposée du patron de l'Inner Circle n'est même pas effleurée. Elle est même balayée par sa relation amoureuse avec sa petite amie Ann-Marit. Mais là non plus impossible de savoir la vérité aujourd'hui.
L'autre gros morceau du film c'est bien évidemment ce cher Varg Vikernes ! Et je dis gros parce que l'acteur qui l'incarne "mange bien à la cantine". Pour qui a vu des photos de Varg à cette époque, ça prête à sourire, Emory Cohen qui joue le rôle du leader de BURZUM, fait bien 15 kilo de plus que Vikernes. Étonnant, mais pas vraiment gênant, puisqu'il ne s'en sort pas si mal quand même. En tout cas le Varg du film est comme je me l'imaginais, intégriste, extrémiste, intolérant et jusqu'au boutiste. Très intéressant sa vision, mais on y reviendra. Toujours est-il que Varg n'est pas épargné, lui, par la réalisation. Un peu stupide parfois, maniéré et agaçant (son rire, limite gênant !). Je ne sais pas comment il est dans la réalité mais Åkerlund ne doit pas vraiment l'apprécier je pense. Serait-ce parce que c'est Vikernes qui a été le plus virulent dans les critiques concernant le projet ?
Pour ce qui est du reste, comme je vous le disais, les séquences d'incendies d’églises sont très bien faites et très impressionnantes, comme pour dans le magasin, on s'y croirait. Rien n'est suggéré : on a l'impression de craquer nous-même l'allumette ! Là aussi Åkerlund se fait plaisir. Saisissant.
Les 2 meurtres que nous montre le film sont eux aussi très violent, brutaux et filmés sans "adoucisseur". On comprend l'interdiction au - de 16 ans. Une envie de paraitre "méchant" et de couper cours aux critiques qui donnaient le film trop gentil et hollywoodien ? Peut-être...
Comme je l'évoquais plus haut, pour moi, la grande réussite du film c'est de donner les 2 visions opposées qu'ont du Black Metal les deux personnages principaux. Ils s'admirent l'un et l'autre, mais très vite les différents éclatent. Financiers déjà, Euronymous devant de l'argent à Varg, mais surtout idéologiques. Le tout explose au grand jour lors d'une des dernières discussions entre les 2 pyromanes. Euronymous, lui, voit les choses en grand pour le BM et surtout pour son groupe, il pense en tant que communiquant, faire parler de lui et de MAYHEM est son but principale, le spectacle, l'apparence quoi (c'est un "poseur" lui dit Varg). La musique avant tout, même si il faut se "vendre". Il parle même de tournées, ce qui fait sortir Varg de ses gonds. "J'ai inventé le True Norwegian Black Metal !" se justifie Euronymous. "Oui, mais tu l'as trahi !" lui balance Varg. Varg lui, voit les choses de façon extrême, toujours. Élitiste et underground, il ne peut pas accepter que le Black Metal devienne "populaire". Pour Vikernes, c'est limite l'idéologie avant la musique. D'ailleurs quand il crame une église, ce n'est pas parce qu'il est sataniste (il s'en défend toujours aujourd'hui), mais par haine du christianisme qui a bousillé la religion païenne de leurs ancêtres. Euronymous lui il crame une église pour faire parler de MAYHEM et de l'Inner Circle en gros. Et pour ne pas paraitre faible aussi (et donc perdre son trône de chef) vu que Varg avait de l'avance dans le domaine... C'est cette relation / opposition qui est le point fort du film selon moi.
Puis vient bien entendu le point d'orgue du film, la scène un peu trop attendu même : le meurtre d'Euronymous par Varg. Qui était inéluctable, c'est l'impression qui en ressort. Inutile et stupide mais inévitable. La scène est sanglante, violente mais dure un peu trop je trouve. Varg est trop calme pendant son "poignardage", quand tu butes un mec (surtout avec des voisins aux alentours) tu es plus nerveux que ça je suppose. Mais c'est un détail.
Voilà, c'était ma petite analyse et ma vision de ce film dont on entendra beaucoup parler je pense et pendant des années. Et qui impressionnera certainement tout une génération de Metalhead en devenir, comme le livre l'a fait pour la génération d'avant. Et je pense qu'il est à voir, même pour les "trues" grincheux qui ne veulent pas en entendre parler (qui de toute façon le regarderont en cachette un jour ou l'autre j'en suis sûr...). Le film (oui c'est un FILM pas un docu ou un reportage), est à prendre pour ce qu'il est : un divertissement (même si c'est pas vraiment Black Metal le divertissement !).
Acid :
Je dois l'avouer, il n'y a qu'un personnage du film que j'attendais et que je redoutais. D'autres parleront bien mieux que moi du contexte, des incohérences, de Varg végétarien. Alors je souhaitais me concentrer sur l'histoire de Per Yngve Ohlin, plus connu sous le pseudonyme de Dead. Si son nom fait principalement écho à son suicide, utilisé par Mayhem pour renforcer leur image borderline (faut il rappeler que la photo de son cadavre orne la pochette de Dawn of the black hearts - un live bootleg non officiel enregistré en 1990), il a marqué la scène underground scandinave de sa voix d'un autre monde.
Je me rappelle avoir écouté une démo de Morbid et avoir été complètement scotchée. Le chant n'était pas celui d'un vocaliste de black lambda. Il dégageait une telle souffrance, un cri de l'âme pur et simple, un besoin primitif d'échapper à la vie. Ecoutez l'enregistrement de la célèbre Freezing Moon de Mayhem avec Dead, avant la version studio de De Mysteriis Dom Sathanas, vous sentirez probablement la glace vous transpercer.
Ce n'est pas étonnant lorsque l'on sait que Per Yngve Ohlin était atteint d'une forme de dépression sévère ainsi que du syndrome de Cotard. Il s'agit d'un trouble qui, dans le cas de Dead, lui donnait l'impression d'être déjà mort. Dans Lord of Chaos, Jack Kilmer avait la rude tache d'incarner une telle souffrance. Car Dead ne ressemblait en rien aux autres membres de Mayhem, ou membres du Black Circle en général. Son obsession morbide était inscrite tristement dans son ADN, et la musique semblait être l'autel de sa douleur.
De mon point de vue, la prestation d'acteur était exceptionnelle. J'ai ressenti cette peine, cette envie de percer l'écran pour le sauver de lui même. Le poids de l'existence se lisait sur ses traits, la mort se reflétait dans ses pupilles. Le moindre sourire glaçait le sang. Étrangement, Dead a repris "vie" quelques instants avant de retourner là où il semblait appartenir. Dead is back home.
Grinder92 :
Les événements norvégiens du début des années 90 m'ont toujours profondément fascinés. Non pas que je cautionne, évidemment, mais le caractère extrême de ce qu'il s'y est passé, les incendies d'église, l'Inner Circle, le suicide de Dead, le meurtre d'Euronymous, la naissance du black metal, Mayhem... tout ça dans l'atmosphère glaciale d'une lointaine Norvège aussi belle que sauvage, n'ont eu de cesse que d'alimenter ma curiosité. Et ce n'est pas le premier concert de Mayhem - et son atmosphère d'ultime chaos - auquel j'ai pu assister il y a quelques années au Divan du Monde qui ont pu calmer mon envie de vouloir savoir.
Mes recherches et différentes lectures m'ont amené quelques réponses, égratignant sérieusement au passage le caractère mythique de la période, la réduisant à une lutte de pouvoir et à une sombre histoire de pognon... Il est beau le mythe de la naissance du Black Metal engendré par le Prince du Mal ! Alors lorsque j'ai eu vent du long métrage de Jonas Akerlund, j'ai été saisi de sentiments contradictoires. D'un côté, l’espoir de percer le reste de mystère entourant la naissance du Black Metal en humant, par grand écran interposé, l’ambiance de l'époque et, de l'autre, une sorte de résignation sur le caractère vain de cette quête, l'oeuvre étant une fiction basée sur des faits... et des mensonges comme l'ont annoncés les trailers. D'autant que le réalisateur est maintenant plus connus pour ses travaux avec Maroon 5, Madonna et consorts que pour sa participation à Bathory millésime 84.
Dimanche 17 février à la Gaité Lyrique, lieu incongru pour la diffusion de cette œuvre qui n'est ni gaie ni lyrique. Pas d'erreur, je suis au bon endroit. Les blousons patchés aux motifs menaçants se font plus nombreux. Le film est diffusé en hors compétition dans le cadre du festival FAME 2019, un festival international sur la musique au cinéma. La salle est blindée et, après une brève introduction par les organisateurs, assurément profanes du genre, les lumières s'éteignent... et la magie opère... Voir incarnés Euronymous, Dead, Varg et autres Faust me plonge avec un plaisir non feint dans les méandres de l'Helvete, le music shop d'Euronymous. D'autant que la mise en scène s'y prête tout à fait, car nous sommes conduits par la voix off d'Euronymous qui nous interpelle directement...Alors non, je ne vais pas te raconter l’histoire. Si tu lis ces lignes, tu la connais, au moins dans les grandes lignes. Saches simplement que je ne trouverai pas de réponses à mes questions, que je ne saurai pas ce qu’il s’est réellement passé il y a 30 ans. Euronymous était-il un fumiste ou l’incarnation de l’Antéchrist ? Peu importe, on s’en fout. C’est un film, bien qu’il prenne ouvertement parti, ne revendique en aucun cas la vérité et les approximations, voire erreurs, probablement assumées, sont là pour servir une histoire aussi passionnante que les évènements qu’elle tente de raconter. La vraie magie est d’entendre les rythmes frénétiques du cultissime Freezing Moon envahir la salle, la vraie histoire c’est celle de l’intrigante évolution de la relation et du rapport de force entre Euronymous et Vikernes (ceux du film), la vraie performance, c’est celle d’un Dead possédé dont la scène de suicide retranscrit toute la souffrance avec laquelle il devait composer au quotidien.
Et qu’importe l’absence de réponses à mes questions, qu’importe si Euronymous n’était pas le diable en personne et que Vikernes n’était probablement qu’un ado en mal de reconnaissance. J’ai vu un passionnant film sur le Black Metal, très justement interprété, racontant l’histoire d’une improbable bande de punks macabres, en mal de sensations, dépassés par leurs actes et qui ont juste donné naissance à Mayhem et au True Norvegian Black Metal.
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