Le froid commence à mordre les joues, les manteaux et autres bonnets fleurissent dans les rues, et l’hiver approche à grands pas. Est-ce pour autant qu’il faut rester coincé derrière ses volets et son double-vitrage ? Que nenni mes chers amis, puisqu’une belle surprise musicale nous était offerte en ce vendredi 15 novembre 2024. Une double surprise d’ailleurs, puisque ce concert était non seulement offert par ma ville d’adoption, Rochefort sur Mer, mais aussi parce que son affiche proposait non pas une, mais deux têtes du même nom, bien de chez nous et (presque) de la région.
Alors que l’été, Le Clos arbore des couleurs de guinguette et de bal populaire, l’hiver l’oblige à ouvrir les portes de sa magnifique salle, remplie en cette soirée placée sous le signe d’un Rock lourd, gras, mais aussi Post et planant. Un petit moment pour les civilités d’usage, quelques discussions sous les faibles néons, et la joie de découvrir que ce concert gratuit a rempli le parking, gageure puisque le style des deux groupes n’est pas des plus accessibles.
Le Clos a donc pris la relève de La Poudrière, salle de ma jeunesse, et pour l’occasion, a revêtu un costume confortable, entre jean et baskets, t-shirt et coiffures abstraites. Je parlais de deux têtes d’affiche, car si la notoriété de MARS RED SKY est évidemment plus conséquente, les rochelais de ROBOT ORCHESTRA peuvent s’appuyer sur une discographie aussi épaisse que les bordelais. Les deux parties affichent une belle carrière, avec beaucoup d’albums recommandables, et le tandem était en pleine promotion de sa dernière œuvre.
Le tout débute calmement, sous une lumière très tamisée et bleutée, et les ROBOT ORCHESTRA s’emparent de la scène en toute quiétude. Fondé par Steve Perreux (guitare) et Dimitri Chaillou (batterie, ex-DOWN TO EARTH), enrichi de l’apport de Johan Gardré au violon et de François Pierre Fol au violoncelle et à la programmation, ROBOT ORCHESTRA déroule les paysages de son dernier album, sobrement baptisé V et promu conjointement par Klonosphere et Tornado Prod. Paysage, car ce nouvel album nous propose un périple à travers certaines des plus belles villes du monde, entre Riga, Cracovie, Ljubljana ou Ostrava. La thématique de ce nouveau chapitre est donc claire, et prône le dépaysement, la liberté, à la manière d’un HYPNO5E qui se servait de ses différents pèlerinages pour nous faire rêver.
Le choix du Post-Rock s’est donc imposé de lui-même, bien que les musiciens n’aient jamais cherché à s’ancrer dans une mouvance particulière. On note au premier rang la présence de quelques enfants, qui semblent hypnotisés par les sons produits par les rochelais, privilégiant les couleurs, les textures, les strates, aux énormes riffs et autres rythmiques explosives. C’est donc une introspection musicale que ROBOT ORCHESTRA nous propose, à la recherche du moi sauvage, qui a su garder contact avec ses racines nomades.
La simplicité des thèmes est appréciable, d’autant que les musiciens connaissent la chanson. Pas plus de deux ou trois motifs par titre, des contrastes finement amenés, un chant partagé entre Steve et Dimitri, pour une immersion programmée entre illumination et simplicité humaine. Le public assiste donc à une expérience où se côtoient les mélodies pastorales et les à-coups rythmiques fluides. L’expérience du groupe lui permet de passer d’une sensation à un ressenti sans heurts, et la petite heure passe justement très vite, les rochelais nous laissant sur une note positive, quelque part dans la brume d’une ville de l’est dont on arpente les arcanes avec l’esprit ouvert.
Petite pause bienvenue pour partager ses impressions, mais aussi du liquide le temps que MARS RED SKY se mette en place. Le public est pour le moins hétéroclite, entre familles complètes et fans de Hard-Rock chevelus et moussus, ce qui donne une ambiance chaleureuse qui fait parfois défaut à des soirées comme celle-ci. Les mines sont réjouies malgré le vent qui bat le rappel, et c’est avec entrain que tout le monde pénètre à nouveau la salle pour savourer un gros moment de Desert Rock servi chaud par les bordelais.
Sur scène, les trois musiciens (Julien Pras, Jimmy Kinast, Mathieu Gazeau) ne s’embarrassent pas de principe de look ou de décor, mais sortent l’artillerie lourde pour prévenir les éventuels badauds perdus. Les gigantesques amplis, les baffes Ampeg usées, les racks remplis d’effets, la batterie à l’économie avec son énorme gong et ses cymbales king-size, la symbolique est là, et l’effet à venir risque d’en souffler plus d’un.
Forts d’un nouvel album éponyme sorti en 2024, les trois compères nous convient à un autre genre de voyage, plus direct, avec étapes, mais une seule destination : les grandes étendues désertiques dont leur musique est le plus digne représentant. Une seule devise, celle affichée sur leur page Facebook, et qui traduit très bien la performance de ce soir :
Hulking trippy brand of Heavy Psychedelic Rock. A total and extreme cosmic journey.
Mais attention, si l’ombre de KYUSS, de FU MANCHU ou KARMA TO BURN plane au-dessus des volutes de fumée, n’en déduisez pas que les bordelais se contentent de recenser des figures imposées. Leurs albums, depuis une grosse dizaine d’années sont passés par différents états d’esprit, refusant le statisme parfois inhérent à tout groupe de Heavy à tendance psychédélique. Pas de longue litanie défoncée pour nostalgique de la fumette ELECTRIC WIZARD, mais bien des chansons, narrées d’un ton détaché, mais avec une vraie passion.
S’il est toujours assez étonnant de découvrir Julien Pras en frontman, son physique chétif faisant de lui un homme de l’ombre plus probable, l’homme sait utiliser sa guitare pour en tirer des sons étranges, et privilégie la sincérité à l’esbroufe déguisée. Ce n’est donc pas ce soir que les trois-feuilles vont fleurir, puisque les enfants sont toujours au premier rang, casque de protection vissés sur les oreilles. Subjugués par cette puissance raisonnable, les bambins assistent avec intérêt à cette prestation dynamitée par la gestuelle imposante de Jimmy Kinast, sorte de mix entre Krist Novoselic et un nounours en manque de saumon.
Derrière son kit, celui que l’on surnomme MatGaz donne de sa personne. Le percussionniste frappe ses futs avec conviction, mais caresse aussi ses imposantes cymbales lorsque l’émotion tamise la pression. En promotion de ce dernier long que je vous recommande chaudement, le trio évite le piège du pilotage automatique, et justifie ses nombreuses tournées, en France ou à l’étranger, par une constance dans la qualité. Le son clair permettant de saisir toutes les subtilités harmoniques comme de subir les coups de sang, la performance est largement saluée par une foule qui reste et atteste d’un coup de cœur pour les bordelais.
Tête d’affiche officielle, MARS RED SKY tient son rang, et égrène quelques anciens morceaux toujours appréciés au stade des classiques. Le trio est certes ascétique dans la prise au corps, mais terriblement expressif dans les textures entremêlées. On aime cette diversité dans le jeu, cette part d’électronique qui vient chatouiller l’ambition analogique, et si les trois lascars restent dans leur petite zone scénique, leur implication ne souffre d’aucun doute possible.
Ce style entre Heavy codéiné et Rock survitaminé mais biaisé s’accorde parfaitement avec l’ambiance de la soirée, entre feu de camp collégial et livre ouvert près d’une cheminée. Les plus beaux voyages sont ceux que nous ne ferons jamais, mais les deux groupes présents sur l’affiche ont ce soir permis au public de découvrir d’autres mondes, d’autres possibilités, et une façon personnelle d’envisager des genres pas totalement adaptés à la faune locale, mais qui ont séduit.
La nuit, tombée depuis longtemps, rêve d’une lune brillante qui éclaire les chemins pavés. Le retour à la réalité est rude, mais rien n’empêche de continuer le périple en consacrant quelques heures à l’actualité discographique de ces deux groupes de talent.
Mars Red Sky Facebook officiel
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09