Après trois ans d'interruption, la refondation du Mosh Fest était espérée comme un signe de reprise pour le monde du spectacle extrême. Personne n'allait faire la fine bouche sur le fait que la programmation rassemblait très majoritairement des groupes qui étaient déjà venus. En fait, c'est même ce qui a facilité l'organisation d'une nouvelle édition : beaucoup d'entre eux avaient spontanément proposé de revenir. Preuve que le Mosh Fest est bel et bien devenu un rendez-vous important de la scène Grindcore.
Autre indice de la place conquise par ce festival : il y avait du monde dès le premier soir, alors que ce n'était pas le plus gros de l'affiche. Et les plaques d'immatriculation des véhicules garés le long de la ZI où est située la Secret Place venaient de régions lointaines ou d'Espagne. Parmi le public, on reconnaissait d'ailleurs Julien Truchan et une bande de copains (tous reconnaissables à leur coupe de cheveux, semblable à celle du growleur de Benighted !!).
Même en ayant veillé à arriver plus tôt que pour un concert normal, j'ai loupé CIVILIAN THROWER. Et c'est dommage, car il paraît que c'était bien même si l'assistance n'était pas encore complète. Le groupe ayant quelque lien avec Montpellier, nul doute qu'il y aura l'occasion de se rattraper – si les événements le permettent.
Les vétérans de PUTRID OFFAL avaient été tête d'affiche il y a quelques années et avaient cette fois la mission inverse de lancer définitivement le fest. Le Goregrind n'est plus si à la mode que jadis et j'étais plutôt content de voir le quartet se pointer avec ses blouses maculées, le chanteur au crâne dégoulinant de sang et les sachets de glucose pendant sur le pied de micro. Avec leur gros son et le rythme plutôt D-Beat quand ça ne blaste pas, ils incarnent une réponse française à General Surgery. Les moshers ne se firent pas prier pour former déjà un pit assez violent, du fait qu'il restait de la place dans la salle car quelques personnes préféraient profiter de la douceur du crépuscule dans la cour. Suffisamment de place pour former le premier "paquito Mosh" du weekend et autres figures déjantées. Même, le beugleur confisqua quelques instants la béquille d'un mosher imprudent ! Tel slammeur fut enlevé et conduit au cagadou pour y être enfermé. Si les compos des ex-M.Pheral ne sont pas très originales ni les plus déjantées du style, ils nous ont fait profiter de leur savoir-faire quasi-professionnel et du meilleur jeu d'éclairage de la soirée – c'est à cause de lui que j'ai pris mes premiers pains, des slammers arrivant dans l'axe des spots !
On savait qu'avec les Bisontins de WHORESNATION on allait prendre cher et cette fois la salle était enfin pleine. Ils entamaient parmi nous la tournée de promotion de leur troisième album qui sort ces jours-ci. Leur Grindcore est intense, bourru et solidifié par un emprunt au Crust. Ils l'ont servi obscur et austère, sans blabla ni couleurs dans tous les sens. L'accordage bas et la précision de la batterie formaient un étau sonore redoutable. La masse des spectateurs permettait de mieux se protéger des moshers en furie et de se concentrer sur des morceaux brefs et brutaux mais suffisamment emballants au gré de quelques riffs un peu moins rapides. Un aileron de megalodon porté à bout de bras sur un manche croisait au milieu de la fosse, et parfois un mosher montait sur une planche en bois pour se faire hisser par ses partenaires du pit. Si personne n'en doutait, le chanteur Pibe exprima le plaisir que le groupe ressentait à jouer ici. Le set fut relativement court, comme la fois précédente. Mais marquant. Pas étonnant qu'ils aillent au Maryland Deathfest.
Le style musical de TINA TURNER FRAISEUR n'est pas différent, mais l'esprit humoristique n'a rien à voir. Oh, pas de déguisements ni de samples interminables, juste des intitulés amusants et une forte tendance à plaisanter. Malgré l'absence du bassiste excusé, leur Grind primaire faisait très mal grâce à une batterie une nouvelle fois implacable. Bien qu'assez expérimenté maintenant, le groupe Nantais laissa de longues pauses entre les titres pour se recaler, et commit ce faux départ aussitôt présenté comme un morceau inédit (esprit "You Suffer" !). Sur le dernier titre, le chanteur hilare fut enlevé de la scène par les moshers alors qu'il devait le lancer, ce qui obligea à le reposer à sa place et à recommencer la manœuvre après lui avoir laissé le temps de faire le départ. Durant ces slams, un ou deux fans attentionnés restaient sur scène pour faire suivre le fil du micro afin que le growl ne soit pas interrompu pendant que le chanteur voguait sur les bras tendus. Tout l'esprit du Moshfest est là. C'était le moment le plus déjanté de ce point de vue-là.
Pendant les pauses, c'était l'occasion de retrouver des gens non seulement du coin, mais aussi des habitués du festival qu'on connaît depuis la grande époque de Violent Solutions. Cela aussi nous a bien manqué pendant ces années pandémiques.
On avait déjà vu LØVVE qui tombait à pic dans la programmation. Ils apportaient leur Powerviolence pour délasser un peu après deux sets physiquement intenses. Le son était moins grave, les rythmiques plus variées et déjantées, le beuglement féminin naturel offrait un rendu un peu moins bestial mais Punky, et la chemise de camping du guitariste était tout un programme. Pas de quoi briser la dynamique de la soirée pour autant. Cela ne rigolait pas dans les paroles en anglais et par des titres en fin de compte aussi brefs que le Grind authentique. C'était une autre forme d'efficacité favorisée par le retour du D-Beat : la gestuelle des piteurs était plus relâchée donc plus… créative… (car j'ai pris un bon coup dans la mâchoire). Pour l'ultime morceau du set, le guitariste et la chanteuse ont échangé leurs places, apportant évidemment un rendu un peu plus rauque ici et un jeu un petit peu moins net là-bas. Si on pouvait le sentir, c'est que malgré un style moins monolithique, les quatre Tourangeaux étaient bien en place.
Enfin pour en terminer de ce premier soir, montait sur scène le seul groupe étranger du plateau, LENG TCH'E. En fait, les Belges ont rembauché Sven De Caluwé comme chanteur intérimaire, à la place de Serge Kasongo non disponible. En fait, Svencho était dans la bande du père Truchan, je ne l'avais pas reconnu ! Ils y ont (temporairement) perdu en humour mais gagné en intensité, à mon avis. Et pourtant, le timbre du plus célèbre growleur d'outre Quiévrain me paraît moins typé que par le passé. Leur Grindcore mâtiné de Death Metal se caractérise de toute manière par un son plus propre, plus Metal. Les compos sont également plus barrées que celles du Grind traditionnel, lâchant régulièrement des riffs à la façon PanterA ou HC New School. Cela convenait aux moshers, que l'orga avait décidé de laisser finalement pogoter en paix.
L'avantage inné des Flamands, c'est qu'ils parlent français quasiment aussi bien que nous natifs et ont aussi un anglais pratiquement sans accent. Avec une perf' aussi musclée que le bassiste, je peux dire que c'était la meilleure des trois fois où je les aurais vus, malgré quelques personnes ayant perdu le bon esprit, dans mes parages. Svencho invita Julien Truchan sur un titre où il apporta un rendu presque porcin qui allait parfaitement, un court et grand moment musical. Minuit étant finalement passé, le dernier set du premier jour s'acheva dans l'enthousiasme, et sans cérémonie – mais avec quelques courbatures.
Le lendemain, il y avait un peu plus de monde encore comme prévu, et certains musiciens déjà passés étaient restés comme spectateurs. Cette seconde journée s'annonçait sur l'affiche d'un niveau supérieur en moyenne et à fort accent espagnol.
Même en arrivant plus tôt, je n'ai attrapé que deux titres d'URGULL, trio Basque espagnol qui envoyait très timidement un Punk Crusty sans grande personnalité à part l'emploi de la langue native.
Mais il s'avéra que c'était un projet parallèle du groupe suivant, formé de cinq membres pour sa part. HORROR Y MUERTE était plus excitant. Leur mélange de Punk Grind Crust était nettement plus tendu, mieux précis et percutant, avec deux chanteurs aux timbres très similaires mais donnant plus de puissance à leurs textes de révolte en basque ou en castillan. La ressemblance avec Extreme Noise Terror était patente. L'aileron géant du Mégalodon réapparaissait dans la fosse. Malgré la brièveté du set (les membres ne sont pas vieux et la discographie ne doit pas être bien large), le marathon paraissait lancé alors que la nuit tombait peu à peu dehors.
Après de longues balances, les trois Lyonnais d'ADT (Ass Deep Tongued…) se retiraient en coulisses puis se présentaient avec des tenues pour boîte de gueux ou salle de sport, veste dorée, t-shirt fluo et cagoule, sur une intro plutôt Dubstep joyeuse, sur laquelle ils bâtirent une chorégraphie de danse sportive amateur plutôt ridicule évidemment, et surtout un peu trop longue. Le set alterna ensuite un Goregrind à la guitare accordée bien lourde, potable et gras comme ce style peut l'être, avec des samples d'humour kitsch et d'autres intermèdes de Boys Band Tektonik… Certaines personnes avaient l'air de rigoler, pour ma part comme je goûte peu à la musique humoristique j'ai fini par lâcher et suis retourné dehors discuter de nos anciennes batailles et des espoirs pour celles à venir.
De toute façon, avec CHIENS et la ligne droite qui s'annonçait derrière, fini de rire. Certains spectateurs piaffaient comme des chiots pendant la balance. On les avait vus il y a quelques mois ici même, mais l'affluence du festival donnait une autre dimension. Le set fut similaire, bref et dévastateur. Le batteur est inhumain, le chant porte une colère déterminée. Un grand nombre de riffs s'enchaînèrent à vitesse supersonique, provoquant un violent foutoir dans le public cette fois venu au complet dans la salle. Ce Grindcore pur et extrêmement intense était délesté des samples des versions originales dispersées sur de multiples splits, sans rien y perdre en force. Ce chaos apparent était permis en réalité par la grande rigueur des quatre exécutants. Le mix un peu en retrait de la guitare donnait une saveur Punk à ce déchaînement, sans que le guitariste n'y perde le sourire sous sa casquette. Si c'était déjà la guerre dans la fosse, le répertoire de Chiens est aussi excellent à écouter. Cette fois, la suite du programme ne permettait pas de rappel ni ne laissait de frustration. La relève du Grindcore français est déjà bien en place.
Ayant déjà vu les Madrilènes de TEETHING, je savais à quoi m'attendre. Ils sont déjà venus plusieurs fois à Montpellier. Peut-être méconnus en France, ils ont justifié leur place assez haute dans la programmation. En formation à quatre, Teething a balancé un Grindcore défoulatoire au son fort, dont le tempo est loin d'être toujours à fond, franchement métallisé en comparaison du précédent, mais accrocheur sous la pluie de parpaings. Le chanteur, avec ses deux nattes, faisait sentir son expérience en rendant un growl naturel hurlé impeccable, un peu Metalcore, et en communiquant abondamment dans un anglais fluide malgré un fort accent (les paroles aussi sont en anglais). Surtout, il s'est complètement lâché en communion avec le pit en se jetant allègrement dans la masse, en slammant jusqu'à mettre les pieds au plafond, accroché à la barre des spots à l'exemple des moshers les plus téméraires, tout en beuglant et haranguant habilement les pogoteurs ! Le guitariste l'assistait de temps en temps, en vocaux secondaires plutôt qu'en choeurs. Il utilisait une Washburn, comme Dimebag Darrell, ce qui expliquait peut-être ce son massif et net sans qu'il soit besoin de l'accorder extrêmement bas. Autant dire que la communion était parfaite. Les derniers titres étaient plus franchement Grind avec un format plus court et un tempo plus accéléré. Pour l'ultime, les moshers furent invités à franchir la minuscule marche séparant la scène, pour un moment de désordre partagé avec un nouveau "paquito mosh" de circonstance. Apparemment, Teething a gagné de nouveaux fans et moi-même, je suis allé les féliciter en fin de set.
SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION est évidemment mieux connu de l'assistance, pour être déjà venu à ce festival comme en tournée. Et puis c'est une institution de la scène française après vingt-cinq ans d'activité. Leur Grind plutôt gore sonnait autrement, toujours avec la grosse caisse et la guitare bien en avant pour sonner grave. Ce rendu à l'ancienne n'était pas pour me déplaire. Malgré son visage poupin le growleur Sébastien n'était pas bavard, hormis ses parties dont l'homogénéité n'est pas pour rien dans cette curieuse sensation de pilonnage sauvage que nous étions venus chercher. Ce n'est pas pour rien que la partie la plus ancienne du répertoire n'a même pas de paroles. Au reste, le carnage déployé était suffisamment parlant. La fosse en ébullition rejetait régulièrement des corps de fans projetés aux anges, la planche ressurgissait pour porter un surfer tanguant dangereusement accroupi entre les bras tendus et le plafond bas. Pour un tel résultat, ce déferlement de brutalité n'était pas monotone, avec des titres suffisamment changeants. Ils trouvèrent leur acmé de finesse par le dernier, avec son moulinet de guitare lead mid-tempo qui venait comme un rai de lumière au terme d'une tornade de violence aveugle. Les applaudissements parfois consentis, assez rares dans ce style, témoignent de la qualité musicale de cette apparente bouillie sonore.
À ce stade, nous étions tous éreintés alors que minuit était passé. Il fallait vraiment que la suite soit immanquable pour nous faire rester…
Mais BLOCKHEADS est le monument vivant du Grindcore national, qui aura donné un épilogue inoubliable à un festival déjà mémorable. Il y avait un esprit étrange qui flottait dans l'air tandis que le groupe faisait comprendre qu'il allait commencer mais voulait attendre que tout le monde soit là, l'ami Tristan ressortant dehors avec son sifflet pour rappeler aux retardataires épuisés la fin de l'ultime récréation, et le moment de la mise à mort générale. La forte émotion que l'on ressentait chez le truculent Xavier, chanteur de l'institution Nancéenne, pouvait paraître inhabituelle quand il s'agit de Grindcore. Mais elle se comprenait, d'abord parce que c'était le premier concert du groupe depuis l'arrivée du covid en France, et qu'ils ont un nouveau disque qui attend d'être promu depuis un an. Et ensuite, parce qu'ils ont conservé un fort attachement à ce festival et que vivre cette reprise tant désirée ici, parmi nous, avait pour eux, une signification spéciale. De fait, ils sont parvenus à hisser le niveau encore un ton au-dessus pour cet set final du festival. Leur Grind sonne bien différemment de celui de SCD : il est accordé moins bas, est plus mélodique et exprime une rage venue du fond des tripes avec des morceaux extrêmes mais identifiables. L'absence excusée du bassiste titulaire n'a en rien altéré la punition administrée. Un bref incident à la guitare permit presque d'apprécier la férocité de la double grosse caisse le temps d'un demi-morceau.
Toujours engagé, Xavier s'en est pris comme toujours à cette société si dysfonctionnelle, mais aussi à la récente actualité politique en France (alors qu'en 2017, également quelques jours à peine après l'élection présidentielle, je me souviens parfaitement qu'il ne l'avait pas fait). Le temps n'a en rien altéré ses indignations et ça se sent aussi par la fureur des nouveaux titres qui n'ont rien à envier à ceux de "Shapes of Misery". Moi-même, toute ma fatigue s'était envolée après quelques titres. La fureur de ce répertoire plutôt simple mais toujours adroit et sincère comme jamais est irrésistible. Signe de de son attachement aux détails traditionnels du Moshfest, le chanteur convoqua la planche de surf et aurait bien eu envie d'en profiter. La fosse était dans un état de démence collective favorisée par les nombreuses chutes au cours de circle-pits, causées par la bière renversée. Dans sa dernière harangue avant l'ultime morceau, Xavier exhorta l'organisation du festival à persévérer et à en faire le grand rendez-vous annuel du Grindcore en France, avant de faire monter Julien Truchan (à défaut de pouvoir en faire venir d'autres, car les préfas' qui servent de quartiers réservés aux groupes au repos sont trop loin à l'extérieur de la salle) qui apporta sa puissance à une ultimissime conflagration de colère trop longtemps emmagasinée. Dans les applaudissements, les cris et les embrassades, le Moshfest ressuscité était terminé. Nul doute que Blockheads a puisé dans ce set inoubliable l'énergie pour repartir trente ans de plus.
Devant partir assez rapidement hélas, j'étais moins fatigué le lendemain matin que la veille. Le prochain concert, qui vient très vite, sera aux antipodes. Mais en attendant, cette refondation a explosé les attentes et relancé la marche en avant du Moshfest d'une édition sur l'autre. Puissent les derniers mots du chanteur de Blockheads devenir prophétiques pour l'avenir.
Merci pour ce bien bon report. Un fest que j'aimerais beaucoup faire un de ces jours, je suis pas un immense amateur de Grind mais en live c'est toujours des baffes assurées (Chiens, Blockheads et Sublime en particulier ici).
C'est un festival de format quasi-familial entre connaisseurs, quelques dizaines de passionnés qui se lâchent ensemble chaque année pour le plaisir des groupes qui participent. Ils sont tellement extrêmes qu'ils ont rarement l'occasion de réunir autant de vrais mordus dans un festival exclusivement consacré au Grindcore/ Crust/ Powerviolence, sans devoir se contenter d'un bout de scène à l'écart dans un gros festival à 17 heures avec en permanence la moitié du public qui arrive ou repart prendre une bière.
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