Après quelques mois d'incertitude, le troisième MoshFest se tenait bien à nouveau au weekend le plus proche de la mi-mai. Cette fois pas de pont à cette date, mais cela n'empêchait pas certains de venir de loin à nouveau et d'ainsi faire quelques retrouvailles. Amis du Grind, du Crossover, du Crust, du FastCore, de Powerviolence… nous nous retrouvions pour en prendre à nouveau plein la figure. Et cette fois, j'ai fait les deux soirs.
Je chiffrerais l'affluence entre cent et cent cinquante personnes, ce qui est normal pour un festival aussi extrême. La clique de la Mosher Team était évidemment présente en nombre, t-shirts arborés. Quelques groupes avaient apporté du merch', cela fait drôle de voir des cassettes vendues comme jadis.
Il faisait encore jour quand nos MOSHPIG locaux ouvraient le bal. Le trio sans basse a envoyé son Crossover Grind avec une férocité qui donnait bien le ton, des titres très brefs en un ou deux riffs et sans temps morts entre les titres. Le set était donc moins à la blague et encore plus abrasif que d'autres fois. Le public a été long à quitter la douceur de la cour, mais une fois qu'une assistance convenable était rentrée la sauce a bien pris. Le chanteur, comme d'habitude, s'est jeté plus d'une fois dans la fosse avec ou sans micro. Je trouve que le groupe progresse à chaque fois que je les vois et quand le répertoire va s'enrichir ils franchiront un palier.
Le premier interlude, comme tous les autres, fut meublé au son de Napalm Death. Sans commentaire.
Les Nantais de TINA TURNER FRAISEUR sont un groupe assez récent, intégrant un bassiste cette fois, et dont les membres ont certainement accumulé de l'expérience dans d'autres groupes vu leur âge. Leur GrindCore était pur et dur cette fois, mais cela pâtissait un peu de pauses longuettes d'un morceau à l'autre, d'un chanteur aux annonces mal audibles, et d'un mixage qui privilégiait trop la guitare et la batterie à mon sens. À cause de quoi la maîtrise technique visible ne se traduisait malheureusement pas trop par le son. La bonne humeur et le style correspondant complètement au cœur du festival compensaient ces petites faiblesses, les moshers n'ont certes pas déserté le pit. Les pochettes de 45 tours ringards commençaient à voler dans l'assistance avec les tiges de mousse et autres bouées de bébé… jusqu'au traditionnel "paquito" méridional en version Mosh.
La première surprise du fest' a été THE ARSON PROJECT, groupe Suédois qui mêle le GrindCore avec du Sludge dans un son extrêmement propre. De telle sorte que les passages au taquet ne sont pas du tout omniprésents, mais préparés par des parties lentes, sombres et froides, assez variées, qui ne causaient aucun ramollissement. La musique reprenait un peu ses droits. Je n'imaginais pas avoir ce soir un long passage seulement batterie lente-growl, par exemple. Les moshers n'en étaient pas moins emballés, et c'était étrange de voir le pogo presque à fond sur des plans lents autour de l'imperturbable pilier central, devenant de plus en plus visqueux avec la sueur. Le son scandinave bien léché ne faisait pas très Punk, mais donnait un peu d'air dans toute cette sauvagerie. Cela méritera un examen des versions studios, qui doivent être fort ressemblantes.
Nous poursuivions la partie européenne avec les Hongrois de CRIPPLED FOX, qui était déjà passé en mon absence il y a quelques années. Avec leurs bandanas ils se déguisent comme Suicidal, et délivrent un Thrash HC qui rappellent leurs idoles de Venice, ou DRI dans leurs moments les plus speed, la basse folle en moins et la culture Skateboard à triple dose. Le son n'était pas trop puissant mais redevenait plus sale et le tempo reprenait la pleine vitesse. Ils ont de l'énergie à revendre et, bien que ce ne soit pas trop ma préférence à moi, je suis resté accroché à ce style si souvent entendu par ici malgré la fatigue commençant à poindre. N'ai-je pas ouï un riff de SOD ? L'expérience se sentait à tous les niveaux et le set parut un peu court, tant ça s'enchaînait plein pot. Demandez au service d'ordre qui s'est laissé entraîner complaisamment dans le circle pit.
Venant de moins loin que certains de nos compatriotes, les Barcelonais d'APPRAISE se sont formés sur les cendres de plusieurs autres formations. Le chanteur n'était pas très compréhensible cette fois non plus à alterner entre le castillan, un peu de français et surtout de l'anglais avec un lourd accent espagnol (mais non spécialement catalan) qui n'aide pas, bien qu'ils aient pris en affection quelqu'un dans le public. Musicalement leur Punk HardCore m'a paru assez typique de la scène du pays voisin, assez rapide mais cherchant un peu de groove dans certains riffs avec ce trait mélodique omniprésent. Nous étions dans la continuité de la première scène espagnole d'un côté, et l'autre pied chez Black Flag ou Minor Threat (voyez la veste à patch du guitariste). Le set s'est terminé il me semble sur une reprise en rappel arraché de IV Reich, un vieux classique de chez eux.
Il y a trois ans SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION nous avaient laminés. Après une longue préparation, ce nouveau passage promettait vite un nouveau carnage que les moshers ont mis quelques titres à comprendre, alors que l'oreille ne trompait pas. Avec une Gibson Flying V au son poussé et propre, des vocaux très gutturaux mais sans glaire superflue et une batterie remarquablement rigoureuse aux sonorités graves, leur GrindCore est toujours aussi métallisé et bestial. La réduction à trois membres n'a pas d'effet sur la surpuissance dégagée. Parvenus au milieu de set, ils annoncèrent au pit insatiablement déchaîné qu'ils allaient balancer leurs nouveaux morceaux pour la première fois en public. Et j'aime autant vous dire qu'ils sont encore meilleurs que jamais, ils repoussent les limites du style par des changements de tempo encore plus fréquents, une composition travaillée comme on aimerait en entendre plus souvent dans ces styles, et même un plan en moulinet lent repris deux fois dans un même titre, motif simple mais frappant dans ce déluge de violence chirurgicale. Le public leur fit un triomphe au final, la photo devrait apparaître quelque part prochainement.
Je quittai assez vite ce premier soir déjà moulu et battu comme le blé, alors que le lendemain venaient ensemble les deux légendes du Grind Français.
Pour ce second jour, j'arrivai avec mes courbatures pendant que PENDRAK jouait déjà. Les pogoteurs arboraient leurs bleus et leurs coupures, et l'affluence paraissait plus élevée ce qui n'aida pas à voir le spectacle ! Entrons. Sur un demi-set, je peux dire que le GrindCore de ces Parisiens cherche l'authenticité, la perpétuation de la tradition sans influences polluantes ni moyens de riches, ni prétentions à une radicalité quelconque. Les titres doivent prendre une minute en moyenne, et une pointe de dérision complétait la formule, bien connue mais toujours plaisante. C'était bien la base du fest'.
Au cours de cette première pause il était évident que quelques festivaliers n'avaient pas passés la journée à boire de l'eau sagement à l'ombre.
LUST FOR DEATH venait infliger ensuite la part pur Crust du weekend. Des riffs lents et macabrement déprimés typiques du style enveloppaient la section rythmique. Conformément au style, les titres des Lorrains étaient nettement plus longs que tout ce qu'on aura entendu d'autre pendant ce weekend. Le son ample, puissant mais sale, rappelait celui du Death Metal et justifiait pleinement la comparaison avec Bolt Thrower (ce qui est parfaitement cohérent quant à l'Histoire du Death britannique). Tout y était y compris l'attitude, les dégaines noires, cloutées, patchées, avec les paroles écœurées quant à ce monde qui ne va pas, justifiant le rejet de cette société, noirceur garantie. Je me demande comment le chanteur pouvait appeler cela des "chansons" ! Malgré la rareté des passages au galop la fosse reprit son bouillonnement, parce que la radicalité du Crust attire le mosher affamé.
Les Franciliens de RIPOSTE sont une formation assez récente présentant une chanteuse, aux longs dreads. Ils ont envoyé à leur tour un FastCore bienvenu pour éclaircir et accélérer l'ambiance dans le soir tombant. Le son était assez propre pour le style, le chant mixé un peu trop bas ce qui donnait une impression de légère faiblesse alors que le timbre était agressif. Quelques passages déjantés parsemaient le registre dominant à fond les caisses, sans surprises. Le pit était toujours présent, mais se réfrénait visiblement en attendant les têtes d'affiche. Et du reste le set fut franchement court, le quartet n'ayant pas encore un répertoire très étoffé.
En plus d'un nom apparenté aux précédents, VENGEANCE partage aussi le fait d'avoir une hurleuse, et un hurleur également. Anciennement connus sous le nom de Kill Yourself and Die, ils viennent d'Angoulême et mélangent pas mal d'influences dans une musique résolument belliqueuse pour autant. Les paroles alternent le français à l'anglais apparemment, et les beuglements ont laissé place aux cris passés les premiers titres. Il y a du Grind, du Powerviolence et du Crust, peut-être d'autres inspirations non identifiées de ma part. La doublette au chant apporte certes un peu de variété mais jamais l'un ne growle quand l'autre crie, ce qui pourrait en apporter encore plus s'ils voulaient bien. Cela m'a donné l'impression de partir dans plusieurs sens, au-delà d'une fureur incontestable et d'une maîtrise correcte.
Le double sommet de l'événement allait enfin être atteint. Les Alsaciens révérés d'INHUMATE ne se produisent pas souvent en France et se sont encore moins montrés dans le Midi au long de la longue histoire du groupe du bassiste Frédéric, seul membre originel encore actif. Mais ils affichent une envie prometteuse d'avenir. Pour l'occasion ils s'étaient farcis de caméras d'action fixées aux micros, instruments, plus des caméras numériques fixes pointant la scène. Un DVD est-il en gestation ?
Inhumate a gardé des traces du Death de leurs origines, dans ces compos assez lourdes et groovy, pour le riffing également. Le son grave et sec reste distinct de ce qu'envoyait SCD la veille. Une touche étrange est apportée par certains effets de Christophe au chant : l'introduction du set avec un ricanement forcé, tel titre débutant par des sanglots dans le silence… Le répertoire est homogène bien qu'emprunté à toutes les périodes apparemment. Ce Grind un peu Death est franchement bourru et emballant. La forte communion avec la fosse happa plusieurs fois Christophe, et culmina en fin de set avec l'invitation à envahir la scène, Frédéric allant lui-même chercher les derniers au fond.
Et pour fermer le ban suivait l'autre institution nationale, BLOCKHEADS, après une longue préparation et la harangue introductive de Xavier face à la levée des baguettes de mousse frétillantes. Cela faisait longtemps que je n'avais plus écouté à la maison. Leur Grind à eux reste pourtant reconnaissable rapidement, un peu plus musical avec des compos simples mais lisibles dès la première fois et un son plus Metal sans être grave, faisant penser au Napalm et au Terrorizer de la grande époque. C'est autant un plaisir pour les oreilles que pour les moshers qui jetaient leurs dernières forces avec allégresse. Ils eurent le seul braveheart de cette édition (plus Metal que Grind, ça…). Entre les titres, Xavier le chanteur casa quelques déclarations politiquement engagées (plus Grind que Metal, par contre) mais déconnectées du contexte électoral actuel, ou un hommage à leurs vieux compères d'Inhumate. Eux aussi convièrent d'ailleurs l'assistance à remonter sur la scène au terme d'un tabassage en règle et en bon esprit.
Fourbu et repu, je n'ai pas participé aux afters qui se préparaient au dehors. J'ai ma dose de Grind pour quelque temps, et le regret de ne pas aller à la tournée parallèle de Napalm avec Lock Up est à présent avalé. Le succès public est correct, pour une programmation aussi extrême et plus homogène encore qu'aux autres éditions. Toutefois il sera difficile de faire aussi bien en se focalisant autant que cette édition-ci sur la production française, à moins d'ouvrir à nouveau un peu plus sur des têtes d'affiches de styles approchants comme les années passées.
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