Entre deux mélopées gothiques, n'était-il pas judicieux de revenir à des sons plus lourds pour ne pas trop ramollir ? Si je suis STUNTMAN depuis longtemps, je n'avais jamais vu NESSERIA, alors même que les deux groupes avaient joués ensemble par un lointain passé. Bien qu'arrivant à l'heure pour ma part, la salle ouvrit plus tard que d'habitude et l'affluence n'était pas impressionnante hélas dans ce cher vieux Black Sheep malgré la présence d'un groupe de la vieille génération locale à l'affiche. Le succès public d'un festival dans l'Aveyron voisin ce même weekend a pu aussi rogner l'assistance potentielle.
NESSERIA se présente comme une formation à quatre actuellement, avec un certain esthétisme : des tenues noires, quelques petits néons blafards posés sur le sol de la scène pour tout éclairage, et force fumée envoyée dans la petite salle (j'étais paré sur ce point avec mon dernier concert !). Je connais mal le passé du groupe, en tout cas ils ont servi un Post-Core largement teinté de Screamo et d'émotions glacées. On y retrouverait le vieux Cult of Luna, Converge, le Post-Black en général, et Envy. La similitude avec cette référence en particulier se justifie par le choix de la langue natale dans les paroles, qui passe finalement inaperçu. Le français n'est pourtant pas une langue bien agressive, mais il permet l'expression de plus d'émotion dans les cris tout en respectant la froideur de l'ensemble.
Le quartet mettait pour la première fois en scène son nouveau bassiste. J'ai surtout été impressionné par le batteur qui frappe très fort et n'est pas pour rien dans la puissance de l'ensemble. Le chanteur s'empressa assez vite de faire tous les remerciements laissant croire que le set était court, alors qu'en réalité il laissait place à un long titre instrumental pendant lequel il disparut en coulisses. Les Orléanais font une musique sincère et j'ai passé un premier bon moment.
Une fois en place, STUNTMAN attendit un certain temps le batteur qui arriva tout charrette du couloir et s'installa en vitesse pour attaquer un set sévère. Pour un groupe de plus de quinze ans sans actualité particulière, le quartet Sétois s'est montré particulièrement en forme. Le mélange entre HardCore Noisy et Stoner convoque beaucoup d'influences, mais l'agressivité des riffs est décuplée par la maîtrise largement équivalente au fil du temps au niveau professionnel. L'explosion d'une fosse bien violente en témoignait et libérait les émois accumulés lors du premier set. La rage du chanteur ne se dément pas non plus, ni dans ses harangues destructrices ou chaleureuses, ni par son attitude pleine de colère. Sous la copulation furieuse des riffs coreux et du groove sabbathien, l'ensemble dégage une influence plus diffuse, mais certaine, de l'esprit de révolte d'un certain Metal des années 90, entre Mayhem, PanterA et le Death underground. D'ailleurs, ils ont servi un titre inédit qui démarrait par une longue séance de blasts à la façon Black Metal que j'aurais mal imaginé de leur part il y a quelques années. Si le batteur se plaignit un peu de ses retours, la propreté sonore habituelle du lieu seyait bien à une méchanceté rigoureuse et cela pourrait franchement prétendre à un plus grand format. L'éclairage de la scène lâcha vers les deux tiers du set mais on n'y fit pas attention. Du reste, pour une fois le public ne s'était pas barré après le premier groupe comme trop souvent ici et cela faisait somme toute une affluence acceptable. Si j'ose dire, demain peut appartenir encore à STUNTMAN qui montra une énergie et un savoir-faire intacts, plus quelques intentions claires d'aller vers de nouveaux défis.
Les bons petits concerts ne bouleversent pas des existences, mais forment le sel de la vie de l'amateur en supplément des plateaux plus populaires. Une fois encore les absents eurent tort.
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