Novelists + Nervosa + Eiga (Warm-Up Hellfest)

Novelists, Nervosa, Eiga

Paloma, Nîmes (France)

du 22/03/2025 au 22/03/2025

Dans le Midi les rivalités entre villes sont marquées ; mais celle entre Montpellier et Nîmes est l'une des plus exacerbées sans doute sur la France entière à cause d'une proximité accrue, valant largement Aix / Marseille, Nancy / Metz, Rennes / Nantes ou Lyon / Saint-Étienne. Le football n'y a rien arrangé. Foin de ces querelles fatigantes, j'apprécie aussi le chef-lieu du Gard pour ses atouts propres (tant qu'on ne nous insulte pas) et je me réjouis à chaque venue qu'il se soit enfin doté en 2012 d'une SMAC permettant d'élargir l'offre de concerts à une distance très raisonnable pendant l'hiver, en complément des affiches prestigieuses, mais pas toujours emballantes, du festival d'été aux arènes. La cité romaine souffrait structurellement de ce manque. Grâce à quoi, on peut tabler sur le passage du Warm-Up du Hellfest chaque année entre ici et Montpellier comme l'an dernier. Le plateau de cette édition du pré-festival itinérant me convenant, à un prix franchement raisonnable, j'ai opté pour faire le court déplacement au détriment d'une affiche de Black à côté de la maison. Je pense que je mourrai sans jamais me rendre à Clisson, tant il m'est impossible de m'absenter si loin au mois de juin, mais c'est une façon d'y participer.

Malgré le temps toujours dégueulasse ces derniers jours (au moins, on ne manquera pas d'eau cet été), il y avait une affluence large et très manifestement éclectique, rassemblant des Metalleux de divers styles et de toutes les générations. Il devient même habituel de voir des parents accompagnés de leurs enfants jeunes étudiants ou lycéens. C'était donc assez rajeuni, mais pas tellement extrême à en juger sur les dégaines et t-shirts. La Paloma ayant une capacité nettement plus grande que la SMAC de Montpellier (Victoire 2), cette campagne 2025 ramenait indubitablement plus de monde. En plus c'était samedi. Il y avait du merch' du Hellfest dans le couloir jaune, la borne photo faisant doublon à côté du photomaton installé à demeure. Dans la salle, les premières animations menées par le même Monsieur loyal que l'an dernier ne m'intéressaient pas et je préférais aller me nourrir.

Tandis que j'attaquais mon hot-dog frites, le groupe d'ouverture régional investissait la scène au long d'une introduction lente, un instrument après l'autre. EIGA venait aussi de Montpellier. Le gros son puissant, propre et les éclairages généreux étaient appréciables, beaucoup de premières parties en rêveraient. Le quartet envoyait un Metalcore syncopé au chant plutôt clair souvent mélodique avec des chœurs growlés-hurlés, des passages rappés et les gros coups de caisse claire réverbérée suivant la mode actuelle du genre. Sur un titre, le bassiste abandonna son instrument et assura l'essentiel du chant, par un flow totalement hip-hop. Transcendé par l'émotion de cette intervention, il trébucha sur le micro des chœurs de son guitariste ce qui fit sourire tout le monde sans briser la dynamique de ce passage soulignant l'influence du bon vieux Néo également fréquente dans les formations les plus récentes de ce style foisonnant. Une photographe officielle traversait régulièrement l'estrade, discrètement mais efficacement. Encore jeune, Eiga n'est plus vraiment débutant et maîtrisait à l'aise ce show sur une grande scène (même les accidents), avec l'énergie physique de leur âge. Ils dégagent plutôt une aura de gentils garçons pêchus dont le répertoire est typique de la génération actuelle du Metal. La partie la plus jeune du public se bougeait déjà sur ce premier set d'une demi-heure. Nul doute qu'on reparlera d'Eiga qui affiche, sans arrogance, une certaine ambition.

L'intermède était un peu plus long que ce qu'il était techniquement nécessaire, à cause du concours d'air-guitar attribuant des passes pour l'édition à venir, tenu sur une petite scène amovible installée vers le fond de la salle en largeur. Dehors, la pluie tombait très dru dans la cour, habituellement agréable. Avec une pinte d'ambrée, tout ça passait mieux. Une toile descendue du plafond afficha un peu de promotion d'un groupe programmé au Hellfest 2025 puis un compte à rebours que l'animateur intarissable invita à reprendre en chœur, comme au cirque.


NERVOSA a vécu pas mal de péripéties, depuis l'époque où les Brésiliennes faisaient en trio la tournée des bars et des garages en Europe quand venait l'été. Mais le schisme ayant donné naissance à Crypta et les multiples changements de line-up qui suivirent encore n'ont pas empêché leur progression. J'étais content de retrouver sur une belle scène un combo un peu plus extrême qui ne laissait pas indifférent, mais encore plus curieux de vérifier si quelques faiblesses d'alors étaient corrigées. Après une intro enregistrée pendant laquelle la batteuse s'était subrepticement installée derrière son kit surélevé, force était de constater qu'il s'agissait toujours du même Thrash Death rapide et furieux. C'est maintenant Prika, la fondatrice, qui se charge du chant crié. La basse et la seconde guitare sont tenues par deux Grecques qui se sont parfaitement intégrées au concept, dans une formule quartet qui donne du corps à cette recette traditionnelle qui rappelle le Slayer le plus direct, tout le Thrash Allemand et spécialement Holy Moses évidemment. Comment ne pas songer non plus au Sepultura des années 80 ? Dans des tons rouges et avec les décorations luminescentes du logo du Hellfest suspendues au-dessus, c'était un feu d'enfer qui nous tombait sur la tête. Prika a du coffre, le tempo était sévère et surtout l'écriture des riffs s'est sensiblement améliorée, sans crier au génie. La seconde guitariste assurait brillamment les soli, sa rigueur faisait mal… elle dégageait même une certaine présence, une forme de beauté dans son jeu (!), accrochée à son instrument avec la passion d'un Trey Azatoth. Bref, mes réserves s'effacèrent peu à peu et je participais de bon cœur aux haies de cornes levées tandis que la fosse pogotait à l'envi. Prika nous parlait de temps en temps en anglais international, mais elle est moins prolixe que Fernanda Lira naguère. Il y avait bien quelques effets de cheveux au vent aussi, n'empêche que les poses ne sont plus aussi abusives qu'avant. Les anciennes réserves sur l'excès d'attitude pour distraire de la faiblesse des riffs n'ont plus lieu d'être, les deux points étant pareillement améliorés. Les filles terminèrent en se rassemblant au pied de la batterie, et nous quittèrent après un salut enlacées et une photo souvenir – on ne se refait pas. C'était le groupe le mieux conforme à mes goûts sur cette affiche, et cela faisait plaisir de constater que le succès amassé depuis lors repose sur de vrais progrès.

Le concours reprit à la pause, avec des extraits illustrant l'ouverture du festival vers le Hardcore et le Punk.


Je connaissais bien mal NOVELISTS, groupe français étiqueté dans des styles que je n'écoute pas. Apparemment ils ont un album qui arrive, après que leur croissance ait pâti de changements trop fréquents au poste du chant jusqu'à l'arrivée providentielle de Camille Contreras. D'ailleurs, au bout d'un nouveau compte à rebours, c'est elle qui entamait le set seule au centre de la scène ciblée par les projecteurs, puis rejointe ensuite seulement par le reste du groupe. Ce procédé à l'inverse des convenances éveillait l'intérêt et témoignait en acte de l'importance déjà prise par la nouvelle chanteuse. Musicalement, ils proposent quelque chose d'assez inédit encore, en mélangeant de manière poussée et raffinée le Metalcore au Djent. Découvrir à mesure des titres peu prévisibles est plutôt excitant pour l'auditeur, qui passait du riff plombé nappé de synthés aux moulinets et arpèges à la limite de l'acoustique puis par un pont et un solo héroïque avant de revenir à un autre riff massif. La sensation épique est inhabituelle quand il s'agit de Metalcore pur des années 2020. Le jeu d'éclairage particulièrement travaillé et riche en effet renforçait cet aspect narratif, carrément Prog' et spectaculaire, en accord avec le nom choisi par le groupe des frères Durand (mes homonymes !). Et la chanteuse ? Camille menait le public avec brio, commandant plusieurs bravehearts rugueux, passant du growl au chant clair et marquant le récit par ses poses et ses lentes danses le dos tourné. Sa robe courte, son affabilité et les cheveux bruns sans perruque contrastaient harmonieusement avec la puissance des morceaux, d'autant qu'elle ne montra jamais un signe de quelconque vulgarité. Son chant étant néanmoins submergé sur les parties partagées avec les deux guitares. Elle s'empara quand même d'une troisième gratte pour annoncer un nouveau titre qui sera sur l'album à venir très bientôt, qui était d'un style assez différent du reste, plutôt de la chanson Emo Pop à guitare électrique, plus digeste pour un certain public. À voir si c'est simplement un pas de côté ou si le virage marqué par son arrivée va emmener franchement dans cette direction. Même sans spécialement aimer les styles mélangés et le recours constant à des effets variés, on ne risquait pas de s'ennuyer. Et puis, tout comme on peut capter peu ou prou une vérité des émotions même dans une conversation en langue étrangère, je peux dire qu'elles sont sincères chez Novelists. L'exigence que s'impose le groupe forçait un certain respect. Leur temps de jeu ne dépassa pas celui de Nervosa (trois quarts d'heure) et malgré les supplications il ne pouvait pas y avoir de rappel, car la finale du concours d'air-guitar attendait. J'en aurais bien repris un peu, et je n'aurais pas cru penser ça un jour pour du Metalcore ou du Djent.


Comme beaucoup de gens, j'ai déguerpi sans prêter plus d'égard aux animations. Le froid était encore saisissant dans cette nuit détrempée, et j'accusai de la fatigue après une journée qui avait commencé très tôt, en dépit du week-end. Cependant la voiture était propre à la lécher grâce à la pluie. À bientôt pour de prochaines aventures, mais pas à Clisson.

par RBD le 28/03/2025 à 14:47
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