Orphaned Land + In Vain + Subterranean Masquerade

Orphaned Land, In Vain

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 04/03/2018 au 04/03/2018

Après la neige et avant la pluie, ce nouveau concert permettait de soutenir un bon rythme excellent pour le moral. Orphaned Land passe souvent en France et s'arrêtait une troisième fois dans son histoire à Montpellier, à chaque fois dans une salle différente. Depuis la dernière quelques passages vers la Provence auxquels je ne pouvais participer avaient attisé un peu de frustration, même s'il ne s'agissait que de dates acoustiques un peu à l'arrache. Et en plus, c'était aussi la dernière date d'In Vain sur la tournée, pile chez moi alors que j'attends depuis presque neuf ans de les voir ! La baraka !

Avec quatre groupes sur la brochette il fallait être à l'heure à la Secret Place, et AEVUM avait passablement entamé son temps de jeu quand je suis arrivé. Très franchement je n'en ai nul regret. Cette troupe Turinoise serrée sur la petite scène balançait un Metal Symphonique en costumes pas du tout dans mes goûts, où la part néo-classique et les poses occupent une grande part du spectacle. Les compositions n'ont pas entraîné de coup de foudre, surtout que les invitations à sauter étaient peu pertinentes (deux membres passant dans le public pour mieux stimuler). Je retiendrai la puissance intéressante de la chanteuse, plus marquante que son compère masculin.

L'affluence était correcte pour cette salle au format sans doute adapté à cette tournée. J'ai déjà vu Orphaned Land dans de plus vastes lieux, mais ils étaient raccrochés à des têtes d'affiche plus rentables. Ce soir beaucoup étaient venus en ménage, laissant le public assez féminisé.


SUBTERRANEAN MASQUERADE existe depuis longtemps mais n'a produit que trois albums, en conséquence des grandes ambitions portées par le noyau d'un collectif qui a beaucoup changé (symptômes liés de la maladie connue sous le nom de Gunzandrosise). Tenir à sept derrière les barrières de la scène compliquait encore les choses. On reconnaissait sans peine leur style où au-delà des dégaines, le Rock Progressif domine le Metal, avec parfois des explorations vers le Jazz ou un peu de Folk orientale. Certes, la part métallique et la présence d'un chanteur spécifiquement affecté au growl suffirait à faire fuir ceux qui en restent à Genesis et Pink Floyd, mais le chant principal et l'orientation constante des compositions privilégie sans conteste la tradition Progressive. D'ailleurs c'est ce second chanteur qui assurait la communication, sautant sur la tranche des barrières et s'accrochant longuement aux lumières pour haranguer la salle et nous faire faire l'essuie-glace avec les bras. L'entrain des musiciens sur une musique chaleureuse et positive se communiqua sans trop de peine. Certes, l'apparentement qui leur colle aux basques depuis longtemps avec un certain groupe compatriote, que l'on retrouvait étonnamment en tête d'affiche de cette tournée, n'aura pas risqué de se dissiper par le live ; bien que le penchant plus Progressif que Folk soit bien trop net pour les caricaturer en suiveurs. Sur l'ultime titre plus pompeux et puissant, ils invitèrent les membres d'In Vain à venir faire les chœurs pour fêter leur départ. L'amitié entre les grands vikings et les petits orientaux était belle à voir ! Une photo de groupe et on s'en va.


Après tant d'attente, j'abordai IN VAIN avec un zeste d'émotion. En sobres chemises noires, les blonds costauds attaquèrent avec l'un de leurs plus fameux titres, issu du précédent album. Clairement, la priorité était de se faire connaître plutôt que de promouvoir un disque, car le groupe tourne assez peu. Avec leur son massif comme sur disque et leurs gros riffs, les Norvégiens se posaient comme les plus extrêmes du plateau, d'autant que la basse s'entendait distinctement et que le batteur cognait fort. Dès les premières nappes orchestrales, on comprit que ce seraient les samples qui en feraient un peu les frais. Tantôt avec le pied de micro, tantôt à pleine main, Sindre assurait seul tous les vocaux clairs, growlés ou criés et se montrait soucieux d'être bien entendu. Il aurait été dommage qu'une si belle voix soit noyée dans un mix aussi puissant. Si le nouvel album a pu décevoir essentiellement parce qu'il ne repousse plus aucune limite, ses morceaux ne sont pas mauvais en soi et passèrent bien même s'ils n'obtenaient pas tout à fait le même enthousiasme. In Vain parvient à maintenir une griffe épique vite reconnaissable tout en puisant dans plusieurs styles et en empruntant volontiers des instruments non conventionnels. Les chœurs étaient assurés par le bassiste et l'un des guitaristes. L'unique extrait du légendaire premier album, "October's Monody" et ses longs blasts accélérèrent violemment le tempo, avant de déboucher bien après sur son final acoustique déroutant et inséparable. Suivit un passage lui aussi unique (difficile avec des morceaux longs et un temps limité) par le deuxième opus, le plus métallique. Derrière les francs sourires, des orchestrations éclectiques et des thèmes souvent originaux, ils envoient durement. La température montait au point que chanteur et batteur quittèrent une épaisseur pour l'ultime titre, autre extrait d'"Aenigma".

Setlist : Against the Grain/ Origin/ Seekers of the Truth/ October's Monody/ Captivating Solitude/ Blood we Shed/ Image of Time


ORPHANED LAND n'était pas facile à apercevoir avec cette si modeste estrade et l'assistance massée au-devant. Heureusement le charismatique Kobi dépassait tout le monde, avec son keffieh aux tons inversés attaché au micro. En tout cas, pas de projections visuelles en arrière comme d'autres fois, en ces lieux c'est impossible. Le set débuta classiquement par le morceau d'ouverture du nouvel album et enchaîna par des classiques antérieurs. Le retour à une approche plus Progressive et Folk entraîna logiquement la mise à l'honneur des gros tubes de "Mabool". Idan Amsalem, qui a la lourde tâche de succéder à Yossi Sassi, s'en sortait bien même si l'on ne retrouvait pas complètement le même sentiment, le même "duende". L'efficacité de l'enchaînement était imparable et Kobi n'avait qu'à demander pour que nous tapions des mains ou fassions des chœurs, ce qui revint constamment dans le set comme toujours y compris ses jeux avec le micro sur pied rappelant étrangement Dave Gahan. Les blancs entre les titres, par contre, laissaient tomber en quelques secondes un silence total assez paradoxal après une musique aussi flamboyante. Comme après l'orgasme me direz-vous. Kobi en profita pour présenter quelques titres, par exemple "Let the Truce be Known" évoquant les fraternisations sur le front de la Grande Guerre. À ses côtés, le dernier autre membre fondateur restant, le fidèle Uri Zelcha, vissé à son poste essentiel de bassiste laissé dans l'ombre du mixage, lui a la barbe qui blanchit un peu et le fait de plus en plus ressembler à un nain d'Heroïc-Fantasy.

Le collectif est une vraie machine sous l'apparence d'une musique souple, opulente, forte, où les samples étaient mixés parfaitement dans l'ensemble. Et ça c'était une vraie amélioration par rapport au passé, l'occasion de souligner même qu'il n'y avait rien à reprocher au mixage d'aucun des groupes ce soir. Quelques surprises se glissaient comme "Olat Hatamid", premier extrait ultra Folk de là-bas, tiré d'un album qu'on n'attendait plus dans le programme au bout de dix morceaux, à cause pour sa teneur plus old-school, mais pourtant réutilisé pour ses titres d'ouverture et de clôture, les plus accrocheurs. Pour "In Thy Neverending Way", Kobi s'amusa à demander à ceux qui les voyaient pour la première fois de se dénoncer (il en restait quelques-uns malgré des années de labourage du territoire français), et de les inviter à reprendre avec nous autres son refrain d'une simplicité indépassable (la la la la la, bis). Et pendant ce temps Matan Shmuely, qui est aussi batteur titulaire de Subterranean Masquerade, faisait le job sans souffrir.

Traditionnellement, "Norra El Norra" et ses sauts sur place annonçait la fin des festivités, clôturées également une fois de plus sur la reprise du vieux plan d'"Ornaments of Gold"… qui nous rappelait de façon piquante que toute la première période d'activité du groupe, celle où ils étaient signés chez les Français d'Holy Records, était à présent remise aux profits et pertes. Ce détail nouveau et important est la seule chose que je regretterais au terme d'un concert fort plaisant une fois de plus, qui donne déjà envie d'y revenir et de prolonger une relation déjà longue à présent.

Setlist : The Cave/ All is One/ Kiss of Babylon/ Ocean Land/ We Do Not Resist/ Let the Truce be Known/ Like Orpheus/ Yedidi/ Birth of the Tree/ Olat Hatamid/ In Propaganda/ All Knowing Eye/ Sapari/ In Thy Neverending Way/ Norra El Norra – Ornaments of Gold.

Avant de rentrer nous avons fait un tour au stand sous le préau, correctement fourni et pris un t-shirt, n'ayant plus rien à me mettre dans ces styles plus progressifs. Maintenant que vous êtes fins prêts je vous emmène dans la foulée voir Jésus par Saint Pascal Obispo… Non ! Je déconne ! Ce sera bien plus brutal.


par RBD le 08/03/2018 à 14:35
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