Le décalage, l’expérimentation et l’autodérision ont une place ancienne dans le Metal, plus ou moins tolérée selon les conceptions de chacun. Pour moi, l’idée du Brass Band de reprises me plaît bien. Voire, j’avais déjà vu Pastor of Muppets dans un festival de fanfares de rues il y a longtemps, et conservais un souvenir assez bon pour remettre le couvert. Hélas, en ce samedi soir, l’affluence était bien faible dans la cour et la salle de la TAF. Organisée par une structure extérieure cette fois, la soirée était à un tarif relativement cher qui a pu dissuader une partie du public potentiel.
Un mot sur le groupe local de première partie, DIG UP THE 90’s, qui comme son nom l’annonce servait des reprises de la dernière décennie du millénaire précédent. Les dégaines tatouées et assez white trash américaine des quatre instrumentistes et de la chanteuse ne laissaient pas deviner, par contre, que le programme irait des tubes du HC mélodique qui avaient percé la bande FM jusqu’au pires abominations de l’Eurodance restituées en instrumentation Rock. Je ne pense pas que le groupe aie quelque autre ambition que de partager le plaisir de ranimer une époque. Le panel des styles abordés est trop large pour dessiner une cohérence, à part le fait que Noir Désir, Culture Club et Blink 182 ont eu du succès pendant cette fourchette temporelle.
PASTOR OF MUPPETS arrivait avec sa farandole de déguisés et entamait sa partie à douze, avec un vrai batteur au fond, sur deux reprises purement instrumentales de Machine Head et Megadeth qui résumaient bien le concept. Le combo invite à la redécouverte de classiques mille fois entendus, c’est l’intérêt profond de la chose au-delà des dégaines parodiées. En les adaptant à une instrumentation totalement différente, on y fait entendre des choses auxquelles l’auditeur porte moins attention d’habitude. L’assistance étant introduite, le chanteur sortait des coulisses pour faire le treizième (…) avec son costume et son visage de démon à petites cornes qui allait à ravir avec son attitude lente, réservée et menaçante. "Blind" de Korn s’adapte évidemment très bien à l’exercice sans rien perdre de sa puissance. Les pastiches d’Axel Rose, Slash, Lemmy, Abbath ou Anselmo côtoient des figures plus fantastiques comme ce chanteur luciférien ou les deux jumeaux maléfiques aux trompettes. Selon les moments de bravoure des uns ou des autres, ils se succédaient au centre du demi-cercle très serré ou au gré de chorégraphies plus élaborées sur des riffs célèbres. Je n’avais jamais vu autant de musiciens se quicher sur cette petite scène en quinze ans de fréquentation ! De temps en temps certains s’échappaient dans le public.
Le programme ne s’échappait pas de groupes et titres connus. Il faut admettre que le Metal plus extrême se prête moins à cet exercice. Toutefois ils proposèrent au public un test d’identification sur un titre assez complexe dont ce qui semblait être le riff principal me disait immanquablement quelque chose… Quelqu’un proposa assez intelligemment dans les réponses le nom de Dream Theater, mais il s’agissait du "Master’s Apprentice" d’Opeth que j’avais effectivement bien usé en son temps ! On revint ensuite sur le registre grand public avec par exemple un redoutable "Domination" dont le riff final ne perd rien à la transformation (Slash y perdant sa perruque !), un "Freedom" de RATM vindicatif ou ce "Rock is Dead" de Manson où le chant passait particulièrement bien. Jadis quand je les avais vus, tout était instrumental ; mais l’intégration d’un peu de chant sur certains refrains ou totalités de morceaux parfois est pertinente, et globalement bien pensée au cas par cas. Sans accaparer du tout l’attention, le chanteur sait même se mettre en retrait au profit des instrumentistes en jouant de son personnage réservé mais très sûr de lui (on ne sait jamais, avec un démon…), comme un cérémoniaire. De plus, il allège la charge de la communication auparavant assurée uniquement par Slash, probable meneur de la troupe, qui partage ainsi ses vannes avec quelqu’un qui est plus à l’aise pour ce faire (nous appeler systématiquement "Nîmes" sur le ton de la provocation innocente prouve que le guitariste à chapeau connaît suffisamment bien la région et ses gens !). Et les standards se succédèrent, laissant une bonne place au Néo avec SOAD encore, mais Machine Head et Megadeth revinrent, seuls groupes repris deux fois… On tenta un Braveheart que le public un peu trop âgé pour ça n’honora pas autant qu’il aurait fallu. Mais la bonne humeur régnait. La fin approchait clairement avec la présentation des membres sous leurs pseudonymes et de l’association organisatrice, tandis que je me disais que la setlist qui empruntait naguère au Heavy s’était décalée vers le Thrash et au-delà dans l’évolution. Le rappel nuança cette sensation car il s’agit d’un brillant et complet "War Pigs" annoncé sous son nom traduit, comme plusieurs autres reprises avant lui. Une photo de famille clôtura pour de bon le set.
Maîtrisant finement son concept après des années de performances à travers la France, Pastor of Muppets ne saurait se comparer aux grands groupes établis auquel le groupe rend tribut, mais au-delà de l’humour qui baigne tout le set, les extraits choisis regagnent en intérêt après des années d’écoute, nous rapprochant autant que faire se peut des sensations inoubliables de la découverte.
L’année avançant, nous attaquerons dans quelque temps des rendez-vous un peu moins bon enfant. Enfin.
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38
Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)
19/04/2025, 05:07