Pour tenir au long de cette traversée du désert qui semble ne pas devoir finir, on peut recourir aux dvds live. Même si comme effet secondaire la nostalgie peut s’ajouter à la frustration pour l’exacerber, et laisser le spectateur dans un pire état. Cela m’a fait repenser à ce vieux souvenir de l’unique fois où j’ai vu RAMMSTEIN, qui a été immortalisée dans le DVD « Volkerball ». Il y avait l’enjeu du premier concert de vrai gros Metal dans l’histoire des Arènes de Nîmes. Appréciant des styles très voisins et au courant de la réputation des performances spectaculaires du groupe, je m’étais facilement convaincu d’y aller bien que je n’aie jamais été fan du groupe. La qualité moindre des albums suivants a fait que j’ai décliné les nombreuses autres occasions depuis quinze ans (déjà !), préférant rester sur ce souvenir suffisamment marquant en termes de show, fondé par un répertoire alors encore digeste. Au demeurant, j’ai mis longtemps à découvrir que le premier titre du second rappel était en fait une reprise de Depeche Mode tellement transformée que je ne l’avais pas identifiée, alors que je suis fan assidu de ce groupe comme vous vous souvenez peut-être !
Le passage de RAMMSTEIN parmi nous ce soir constituait un événement majeur. Le festival annuel des concerts de juillet à Nîmes avait déjà accueilli du Rock à guitares (PLACEBO, MUSE, NOIR DÉSIR, RED HOT, etc…), mais c'était la toute première fois qu'il s'agissait de Metal. L'enjeu était important ; venir était quelque part un acte militant pour montrer la capacité de mobilisation du public local et plus éloigné pour de grandes affiches, et la pertinence du risque pris en fait de programmation. L'ample succès (concert complet) était donc une très bonne nouvelle. Pas mal de gens étaient même venus en famille (en dépit des recommandations de l'hebdomadaire Famille Chrétienne) grâce aux vacances.
Les gradins étaient déjà très généreusement garnis quand nous sommes arrivés, ce qui nous a obligé à dispatcher notre petite bande et je me suis retrouvé tout en haut, position inconfortable mais intéressante pour bien jouir du spectacle que la réputation du groupe laissait prévoir. La masse de t-shirts noirs agglutinée sur les pentes et sur la piste était impressionnante. Le cadre prestigieux des arènes, ruine de pierre monumentale qu'un puissant Empire disparu depuis des siècles avait érigé pour ses sanglants spectacles, convenait idéalement à l'esthétique et l'esprit. L'attente était donc meublée par un DJ qui balançait de l'Electro incolore, inodore et sans saveur. On attendit patiemment qu'il laisse place à une première partie dont personne ne connaissait encore l'identité… Et pour cause puisqu'il n'y en eut pas ! Seul gros reproche à faire. À 40 pions la soirée c'est raide à digérer même pour les plus fanatiques ! Le moindre groupe du coin un peu renommé (je ne dis pas même français) aurait été ravi de faire l'affaire même à des conditions inéquitables ! Et que sur nos billets il était bien spécifié "+Guest" ! Après presque une heure de tchiki boum, de holas, de slogans puis de sifflets on passa à quelques titres plus Rock, et enfin une longue intro puissamment acclamée.
RAMMSTEIN avait choisi "Reise, Reise" pour apparaître. La scène comportait un étage au centre duquel trônait la batterie. Les deux gratteux des côtés pouvaient descendre sur le plain-pied de la scène grâce à deux plateaux manœuvrés par des vérins hydrauliques. La porte à deux battants coulissants en forme de cercle était juste sous la batterie (c'est surtout quand il y avait les rideaux que ça ressemblait à une vulve). L'ensemble du décor était bien sûr dans la tradition, entre Mad Max et Alien. Dès Sehnsucht je n'ai jamais été grand fan de la musique de RAMMSTEIN à usage individuel, mais en concert les Berlinois sont irrésistibles. Les mélodies Electro arrangées parfois à l'Indus et accompagnées de riffs simples et imparables, les rythmiques martiales et le chant brut mais expressif (ce que l'allemand favorise bien mieux que l'anglais) forment ensemble un cocktail parfait. Et quel spectacle grandiose ! Le son était très bien pour le plein air, sans subtilités mais clair et puissant. On en a vu de toutes les couleurs question lumières, et pas chichement ! Et les fameuses pyrotechnies, moins utilisées qu'ailleurs selon certains habitués du groupe, étaient omniprésentes : torches géantes soulignant très régulièrement certaines rythmiques, crachement de feu par trois des musiciens, envoi de fusées d'artifices par-dessus la piste, pétards et pluie d'étoiles pour clore certains morceaux ou envelopper le chanteur, nuages de fumée rouge, etc ! ! Les musiciens ne se reposent pas sur les effets et font eux aussi le show ne serait-ce que par leurs tenues, les déplacements au pas de l'oie, la destruction d'un premier clavier esprit Kurt Cobain, lorsqu'en début de concert le chanteur mime le lattage de son claviériste ou encore par l'ardeur qu'il met à frapper son genou droit en cadence… Sommet d'humour sur "Mein Teil" quand une marmite géante et fumante est amenée, le chanteur grimé en cuisinier de pacotille avec les hachoirs et tout qui met le feu sous la cocotte avec un lance-flamme à douze mètres de distance, avec un pauvre hère dedans qui s'enfuira bombardé de fusées violettes en fin de morceau ! Cet usage constant du feu, riche en symboles, est quand même une idée épatante.
La communion du public est très forte. Les refrains fédérateurs l'entretiennent sans peine comme sur "Du Hast" repris en chœur. Les motifs Electro provoquent la danse jusque sur les roches inégales et pentues du sommet de l'amphithéâtre. La tension retombe pourtant assez nettement sur certains passages plus apaisés, a priori au cours de morceaux du dernier album. Le batteur descendit de son étage rejoindre le reste du groupe sur une ballade notamment. Toutes ces chorégraphies demandent mine de rien une très lourde rigueur et la sanction peut être immédiate et sévère si l'on se relâche. Mais une petite place pour l'improvisation est possible, comme le montre le claviériste lorsqu'il ramassa un chapeau de paille jeté du public pour s'en coiffer plusieurs morceaux durant. Finalement, "Amerika" venait clôturer le set, alors que notre ami le claviériste – qui décidément n'en rate pas une – s'est ramené sur un espèce de chariot à deux roues pour parcourir la scène. Le morceau s'acheva sur une projection massive de confettis aux trois couleurs du Stars n' Stripes et un aimable salut. Le premier rappel se fit au son de l'hypnotisant "Rammstein", le chanteur portant deux bouches à feu très puissantes fixées aux avant-bras pour un effet bœuf. On a eu aussi "Sohne" bien sûr. Puis un second rappel un peu plus long, qui occasionna l'excursion tant attendue en slam à canot pneumatique à travers la foule. Après un dernier titre pêchu, une longue plage atmosphérique s'éleva tandis que le groupe se retirait définitivement. Bien qu'on en ait eu plein les mirettes, le public tarda à accepter son sort malgré les deux heures de performance, conséquence évidemment de l'absence de première partie.
Je n'ai jamais vu de concert aussi spectaculaire, sur ce plan-là RAMMSTEIN enfonce tout et de loin. Ce groupe a d'ores et déjà gagné le pari d'imposer son nom et son style parmi les grands de l'histoire du Metal, ce qui est très rare pour une formation non anglo-saxonne. Une musique riche en moyens mais assez basique dans ses structures charme très facilement l'oreille en concert, et un spectacle aussi exceptionnel frappe à jamais le regard et la mémoire. Une splendide soirée. Tandis que les grilles déversaient sur la place des flots de tenues noires, on ne pouvait qu'espérer que le franc succès enregistré incite à d'autres programmations de grosses scènes Metal en ce site exceptionnel à l'avenir, au même titre que des formations plus Pop-Rock ont acquis cet usage.
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