Ratos de Porão + All Borders Kill

All Borders Kill, Ratos De Porão

Secret Place, St Jean De Védas (France)

du 17/07/2024 au 17/07/2024

À défaut de profiter d'un gros festival cet été, on en profite pour rattraper des lacunes. Comme Death Before Dishonour il y a quelques semaines, Ratos de Porão était passé plusieurs fois à la Secret Place en tournée européenne estivale (première date en France il y a dix ans je crois même), mais à des périodes où j'étais loin dans ma thébaïde. Cette fois, ce serait la bonne. La vieille billetterie en ligne de la salle étant en vrac, je n'avais pas réservé contrairement à mes habitudes et je tâchais de partir assez tôt au terme d'une journée où un coup de cers (le vent sec de nord-ouest qui chasse l'air marin, par chez nous) nous avait donné un bref répit dans la grillade générale enfin arrivée.

Ce qui était frappant par rapport aux dernières petites affiches un peu confidentielles, c'était l'affluence bien garnie pour cette vieille institution. Je ne m'attendais pas à côtoyer autant de punks de la génération 82, celle du D-Beat avec tartans, t-shirts noir usés, épingles à nourrice et crêtes pour les plus jeunes, la peau burinée et les tatouages légèrement dilués sur les bords pour les survivants de la grande époque. Plusieurs étaient venus d'assez loin, et vu qu'il n'y avait qu'une première partie locale c'était une preuve parfaite de la capacité de mobilisation pour l'institution brésilienne juste sur son nom. Bien sûr, les habitués pas encore partis en vacances étaient présents et cela faisait au total bon poids.


On retrouvait donc pour ouvrir le feu ALL BORDERS KILL qui entama son set sans aucune cérémonie ni harangue, si bien qu'il fallut comprendre que la première déferlante n'était pas la dernière balance, mais bien le début. Le quintet se produit très régulièrement et ne manque pas d'expérience depuis presque huit ans, plus leurs anciennes formations. Il s'agit d'un Punk D-Beat HC aux touches Metal et Crust prononcées. Le pied de micro du chanteur partit assez vite en coulisses, son beuglement énergique et révolté était complété par les chœurs plus Punk criard du bassiste à crête. Les compos sont relativement charpentées et travaillées, tout en privilégiant l'urgence et la dénonciation face à l'état pitoyable du monde contemporain. Le tempo frappait dur, car la grosse caisse doublait toujours le tom qui semblait à peine effleuré à simple vue d'œil. Si les paroles sont en anglais, la communication en français est toujours chaleureuse, abrupte et presque autant adressée aux autres membres du combo qu'à l'assistance qui se lâchait un peu malgré le danger bien connu du sol rugueux et inégal. Compréhensif, le chanteur nous demanda de nous lâcher pour la tête d'affiche. Pendant ce temps, Joao Gordo était au premier rang, hochait discrètement du chef et filma de longs extraits de son groupe d'ouverture du soir. Et il est clair que nos camarades envoient le pâté avec d'excellents départs à répétition avant des cavalcades dignes des grands du genre et des solos assez nombreux, courts et percutants. La basse appuie le tempo en alourdissant le coup là où ça craque. En parlant d'inspirateurs, la reprise d'"Another Brick in the Wall" pied au plancher et au solo logiquement très élagué reste tellement reconnaissable qu'elle fait toujours un certain effet en avant-dernière position : ce risque gagnant résume bien ce dont ils sont capables. En une grosse quarantaine de minutes, l'affaire était confirmée et on ne peut que leur souhaiter une reconnaissance accrue au-delà de nos frontières étriquées.


RATOS DE PORÃO, disais-je, est un monument national de la scène Brésilienne pour avoir publié dès 83 l'album le plus marquant de la scène Punk d'un pays encore sous le joug d'une dictature militaire finissante. Avec le temps, il ne reste que les deux Joao comme membres historiques dans un quartet qui s'est révélé pour le novice que j'étais comme une petite machine de guerre. Gordo parle fort peu en dehors de ses parties, se contentant de remercier et d'encourager brièvement. Leur Punk Hardcore sonne lourd et franchement Metal sous la structure D-Beat. Ce son est d'ailleurs remarquable, comme me faisait remarquer un camarade, car Jão utilise une vieille guitare Rock de type Gibson (mais pas de la marque exactement, car vu de loin je n'ai pas reconnu le logo typique sur la tête) peu adaptée à sortir une production propre et un peu lisse comme celle-ci. Si les Brésiliens communiquaient peu, ils enchaînaient les titres au galop, et c'est bien plus efficace que tous les baratins pour convaincre une assistance fournie. D'ailleurs un pogo assez important se forma, par des bourrades entre moshers serrés comme des anchois ; ce n'est pas le plus spectaculaire mais c'était adapté au lieu. Les incursions sur scène, rares sur l'installation estivale, ont été assez nombreuses pour que le bassiste déplaça son micro sur pied sur le côté en arrière pour éviter qu'il soit bousculé. Régulièrement, il fit des duels avec le guitariste avec Gordo en troisième pour faire le roi-de-rats, gimmick plutôt Heavy Metal qui illustre dans les gestes l'évolution assumée du combo à l'époque, au grand dam des keupons les plus puristes de la première heure.

Les fans connaissaient les titres, dans lesquels il n'était pas difficile de rentrer quand des chœurs étaient demandés. Moi-même j'en identifiais un ou deux ! Gordo, qui avait quitté son bob pour montrer sa calvitie décorée du vieux logo de Corrosion of Conformity à l'arrière du crâne (fascinating…) alterna ses vocaux rauques avec quelques autres aigus assez sarcastiques voire drôles, notamment sur un break Hip-Hop Old-school qui sentait bon le siècle dernier et créait un moment décalé presque troublant au milieu de cette déferlante rapide, où Punk et Metal se croisaient sans beaucoup relâcher la pression autrement. Loin d'être des vétérans sur le retour comme d'autres du même âge, les Brésiliens mettaient une fessée qui se montrait de plus en plus sévère à mesure que la performance s'allongeait. Ils nous relâchèrent au bout d'une heure d'une intensité assez remarquable déployée sans effort apparent. Seul Gordo était un peu en nage à la fin du set (mais pas visiblement épuisé), même le batteur qui nous avait mené d'un train d'enfer semblait frais comme un gardon en descendant la volée de marches. Cette véritable leçon sans arrogance est tout à fait ce qu'on attend des groupes fondateurs encore debout en dépit des années qui s'empilent, et je ne regrettai assurément pas d'avoir enfin pu les voir.


La tiédeur nocturne et la compagnie étant agréables, j'ai prolongé quasiment jusqu'à la fermeture de la salle. On entendait notamment de bons retours du concert des frères Cavalera à Marseille il y a quelques jours. Pendant ce temps, le bassiste de Ratos se plongeait dans les bacs de vinyles à vendre à l'intérieur. Les prochaines semaines seront en principe plus calmes mais je peux d'ores et déjà vous dire qu'à l'automne nous devrions nous déplacer un peu plus et que je solliciterai à nouveau votre éclectisme, après un semestre de pur gros son.


par RBD le 22/07/2024 à 12:39
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