Rendez-vous

Rendez-vous, Venin Carmin

Rockstore, Montpellier (France)

du 16/10/2024 au 16/10/2024

En plus des festivals, la vie continue et elle implique aussi des concerts hors festival. Surtout que les dates annoncées longtemps à l’avance bénéficient toujours d’un avantage sur celles qui sont connues plus tard, même si elles sont moins importantes. Celle-ci se présentait comme une occasion de sortir un peu à nouveau du périmètre du Metal après des mois dans notre premier territoire, même si elle reste dans ma zone de confort musical. Heureusement, le programme du festival en cours publié peu après n'a entraîné aucun conflit d’agenda, les choix déchirants viendront plus tard. C’est donc d’un cœur léger que nous faisons le court trajet vers le Rockstore dans une soirée maussade convenant tout à fait.

Le revival Post-Punk, depuis plus de vingt ans qu'il est là, n'a connu en fin de compte qu'un creux passager vers la fin de la première décennie avant que de nouveaux groupes ne déferlent encore dès 2012 environ. Les deux de ce soir sont de bons représentants de ce qu'on pourrait appeler la troisième vague.


Ouvrant le feu de manière assez agressive peu après l'heure officielle de départ, VENIN CARMIN est à la base un projet plutôt solo, même si l'implication visible de la compagne de scène assurant les synthés pourrait faire croire à un vrai duo. En short Adidas, résille, top cuir et maquillage marqué, la chanteuse Lola se réservait une basse bien mise en avant pour donner une ligne mélodique et grave à une musique plutôt Cold Wave à la française malgré un chant en anglais, tirant beaucoup vers la Pop. L'interprétation était assez énergique, voire franchement vindicative, portée par un chant montrant quelque capacité et des musiciennes ne tenant pas en place. Mais les crachats spectaculaires envoyés au loin par la chanteuse montraient une vulgarité qui n'était pas du tout nécessaire. Je m'accrochais au moins à une certaine efficacité sonore pour me remuer (vous savez que j'aime qu'on valorise la basse, quel que soit le style). Le combo parvint à créer une complicité avec le public en faisant répéter des chœurs avant un titre, en évoquant les origines méridionales de ses membres, et surtout en s'épanchant sur les abus subis par la chanteuse et le silence qui ne profite qu'aux criminels – comment ne pas adhérer au moins quant à cela ? Le set de trois quarts d'heure s'acheva avec le dernier single publié, fort dansant, une belle acclamation, une accolade des deux artistes et une invitation à se retrouver au stand. Venin Carmin me paraît très représentatif de la scène actuelle.

Ce cher vieux Rockstore chargé de tant de souvenirs n'était plein qu'à moitié. Mais comme toujours dans ce style on distinguait bien les vieux routards quinquas de la scène et le public de moins de trente ans, rattaché à la troisième vague, eux qui sont d'abord fans d'Idles et Fontaines DC avant de remonter éventuellement à The Cure. Je trouve ce mélange assez sympa et pour les plus âgés cela fait plaisir de voir, à l'échelle d'une vie, que la musique qu'on aime est riche et appréciée après avoir quasiment disparu de 1982 à 2002.


RENDEZ-VOUS entama son set sur une Dubstep lourde, massive, le batteur entrant en premier et les deux principaux chanteurs commençant par détacher les micros de leurs pieds pour vociférer à travers des filtres salissants tout en se balançant d'une hanche à l'autre. Ce décor entre Hip-Hop et Dark-Electro était franchement inattendu ! C'était à la fois le moyen de prendre ses marques, mais aussi de proclamer d'entrée la démarche actuelle d'un quintet désireux de s'éloigner du nid pour s'exprimer dans d'autres univers musicaux. Cette double mise au point laissa rapidement place au Post-Punk classique des Parisiens, dès que les deux reprirent guitare et basse en mains. Le changement d'instruments demeura une constante du show, l'un des membres gérant tour à tour guitare, batterie synthétique au soutien de la principale et synthés selon les moments, le chanteur guitariste délaissant parfois l'instrument aussi.

Le répertoire de la première période fut déroulé sans accorder guère de pauses ni blabla, "Superior State" et sa ternaire imparable arrivant très vite pour plonger définitivement toute la salle dans un appréciable bain de sueur, un pogo assez large s'étant formé au-devant. En plus le son était parfait. La communion était complète avec un groupe encore jeune mais très professionnel, qui nous menait durement en passant du bon Synth Punk à la Frustration au vrai pur Punk anglais des premières heures, crade mais pas encore D-Beat, sur des rythmes et des instrumentations variés rendant parfaitement inconcevable tout commencement de lassitude. Le batteur prit brièvement la parole en anglais entre deux morceaux avant que ça ne reparte, mais c'était superflu. Déjà, un ou deux passages avaient discrètement suggéré des accointances plus modernes, puis le fameux virage revendiqué par le groupe se fit enfin sentir en seconde partie de set. Arrivèrent en effet des titres plus lents n'ayant rien à voir : nous soufflions un peu sur ces morceaux se rattachant entièrement au Rock des années 90, dans le style des Smashing Pumpkins ou des Pixies, voire du Shoegaze. Mais quel écart ! Le public ne décrocha pas pour autant à ces titres peut-être plus en accord avec la dégaine globale du groupe, plus Indie-Rock. Lors d'un des brefs intermèdes, je me suis encore fait aborder sur la foi de mon t-shirt Whispering Sons par un vétéran (cela me fait drôle de passer pour tel alors que je me vois toujours plus comme un metalleux égaré que comme un vrai connaisseur de ce type d'affiches). De toute façon, on revint ensuite au Post-Punk sportif et agité, avec même un wall of death pertinemment emprunté et quelques autres titres anciens particulièrement attendus et célébrés. Un rappel fut accordé sans problème, l'un des guitaristes finissant perché sur la grosse caisse sur un dernier titre plutôt Rock que Post-Punk, avant que le groupe ne se retire en se contentant de saluer après avoir tout donné.


Comme toujours en ces lieux le concert se terminait relativement tôt afin de permettre à la salle de reprendre son format principal de boîte de nuit. Cela permet aussi au spectateur de rentrer chez lui à une heure tout à fait raisonnable en semaine et je n'ai donc pas beaucoup traîné. Une bonne suette dans un style pas trop vu ces derniers temps, c'est tout ce que j'étais venu chercher.


par RBD le 21/10/2024 à 12:39
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