Ceux qui me connaissent ou lisent le forum savent que je suis toujours resté accroché à Sepultura malgré le départ des frères Cavalera et en dépit des cahots d'une carrière devenue expérimentale, avec des choix créatifs ou conceptuels parfois étonnants et aussi quelques vrais manques d'inspiration qui ont fini par disparaître. Leur démarche, guidée par Andreas Kisser, reste plus intéressante que le Rasta-Metal de l'ancien chanteur. Le passé légendaire reste largement assumé en concert, et les critiques qui reçoivent pour capitaliser encore aujourd'hui dessus ne trahissent en réalité que la frustration de ceux qui regrettent, sans doute, que le groupe n'ait pas disparu... laissant ainsi toute la place à Max pour réattribuer ce nom mythique à son Soulfly, récupérant ainsi le premier rôle avec des musiciens de session derrière.
Bref, revenons en 2014 sur la promotion de l'album "The Mediator...", période où les Brésiliens ont assidûment tourné en Europe.
Avec l'âge on n'encaisse plus comme avant et maintenant je couche à l'hôtel quand je viens faire un concert à Toulouse. J'aime le Bikini et le dernier Sepultura, aussi je n'avais pas hésité longtemps à m'organiser pour cette affiche ultra Thrash tout de même. Comme l'affiche était assez fournie il fallait arriver tôt et j'ai posé le pied dans la salle pile à l'heure du premier riff. L'assemblée était déjà fournie mais répartie entre la vaste salle proprement dite, sa tribune, la cour et son bar, l'entrée et le parking…
Les Canadiens de MORTILLERY débarquaient avec leur Thrash juvénile et furieux, teinté de Heavy. Y'a pas à dire, ça envoyait et leur chanteuse assure sans aucun problème, elle a du coffre. Le rythme est pied au plancher, les chevelures sont fournies et se secouent, le son était impeccable d'entrée. Le point faible, ce sont les riffs. C'est du pur Kreator-Venom le génie en moins. Le Thrash est bon quand il y a des variations, des breaks ingénieux, des riffs complexes… Mortillery se contente de bombarder avec une précision suffisante des accords basiques, sans vices ni vertus. Typiquement le groupe qui peut vous faire bouger mais qu'on oubliera vite hélas parmi tous ces groupes du revival Thrash.
Évidemment connu pour être le groupe originel de Jason Newsted, FLOTSAM & JETSAM n'est vraiment pas un débutant ! Le quintet fait enfin la tournée européenne longtemps annoncée. Après deux titres récents, F&J s'est recentré sur sa prestigieuse histoire et ses deux premiers albums légendaires, avec "Hammerheart" et "Escape from Within". Sans sonner aussi agressif que les jeunes leur Thrash envoie du lourd par moments, et il a la saveur unique des vieilles pièces de vingt-cinq ans d'âge. Quelques passages plus faibles se laissent sentir aussi pourtant et peuvent freiner l'enthousiasme des premiers pogos, sans s'arrêter à une paire de pains discrets du batteur.
Les solos sont longs et prenants, le chant tend souvent vers le Heavy et sur un titre le chanteur est allé mettre un casque de guerrier dans le style grec antique, qui ne l'a pas gêné, comme il ne se gêna pas non plus pour aller corriger (à raison) son mixage sur la table dans les coulisses. Dans la tradition Américaine des années 80, les titres sont longs et atteignent facilement huit minutes, ce qui fait que peu de titres seront joués en fin de compte malgré un set long et très digeste, pour l'Histoire.
LEGION OF THE DAMNED était le seul groupe Européen de la soirée. Les cinq Néerlandais ont servi leur Thrash moderne, puissant et propre, né avant tout le revival justement à l'instar de Dew-Scented. Malgré une carrière fournie à rajouter à leur précédent groupe, ils ne sont pas marqués par l'âge. L'efficacité des titres, parfois agrémentés d'intros cinématiques, est certaine. C'est ultra carré, une vraie machine. Mais avec eux j'ai toujours ce même problème de n'en rien retenir, dès l'instant où le morceau s'achève. J'ai passé une heure agréable malgré quelques excitées encore bien novices dans le pogo. Le groupe communique un peu et fait bien mal, et pourtant quand les lumières se sont rallumées j'étais incapable de citer un seul riff…
Pendant la longue pause, on pouvait voir que c'était bien plein, se replacer encore mieux pour la tête d'affiche. Le merchandising était assez fourni pour Legion et Mortillery, Sepultura proposant essentiellement des t-shirts floqués aux motifs du dernier album.
C'était la cinquième fois que je voyais SEPULTURA, même s'il y eut un hiatus de dix ans entre la première et la deuxième. Toute ma génération reste profondément marquée par les premiers albums des Brésiliens. Je n'ai pas lâché après le départ de Max et je défends leur nouvelle démarche expérimentale et productive becs et ongles, malgré certains albums contestables dans le lot. J'ai vraiment aimé "The Mediator…" qui m'a motivé sans peine, un an et demi seulement après le mythique concert estival à la Secret Place et huit mois après le pitoyable show de Soulfly.
Et l'émotion était toujours présente malgré les changements, quand montait "Trauma of War". Derrick Greene se rase la tête maintenant et a eu un peu de peine à se caler sur ce premier titre qui a lancé la fosse sans hésitation. La longue introduction de "The Vatican" ralentit un peu l'immersion mais ces nouveaux titres passent l'épreuve scénique à l'aise. "Propaganda", premier classique, acheva d'emballer les derniers puristes. Lancé sur des titres plus récents, Andreas Kisser se montre vraiment un magnifique guitariste, en espérant me faire bien comprendre il est terriblement beau quand il joue et dégage au moins autant qu'un Trey Azathot ou autres génies qui ne font qu'un avec leur instrument. Paulo, exécutant sobre changeant rarement de basse, offre un contraste toujours frappant
Derrick Greene partage toujours la communication avec lui, même si les timidités de la tournée "Against" sont bien loin. Son français est toujours aussi limité. Plutôt que de ressasser encore certains classiques de live, Sepultura a déterré des titres négligés comme un redoutable "Dusted" emmené par un Eloy Casagrande joueur et enchaîné avec le simple et efficace "Convicted in Life". Plus tard "Desperate Cry" et son intro en arpège cristallin et lugubre fut joué en entier à l'ancienne, précédant un inattendu "The Hunt" qu'Andreas est fier de ressortir malgré la réaction troublée de l'assistance devant cette reprise quasi oubliée du mythique New Model Army. À la différence de Max, Derrick s'applique en partie à un chant clair aux légers trémolos dans le style de Justin Sullivan (le chanteur originel de ce groupe), alors que son timbre est bien plus grave ! Andreas a assuré les chants en portugais, notamment pour la reprise de "Da lama o caos" dédiée aux quelques Brésiliens dans la salle, qui s'accommoderait mieux à mon avis d'une orchestration plus dense pour profiter pleinement de son feeling tropical endiablé si lointain de nos bourrinages habituels. Sur ce morceau comme sur d'autres, Derrick participait aux percussions.
Totalement intégré au milieu des trois autres qui pourraient être son père, Casagrande assure dans tous les registres et s'attaque sans complexe à un "Inner Self" composé alors qu'il n'était que misérables gamètes dans les bas-ventres respectifs de ses heureux parents ! Les deux grands classiques de "Chaos AD", présentés cette fois en ordre inversé, ont déchaîné le public. Greene se dit alors étonné de tant d'énergie et surtout de voir des filles slammer, ce qui le poussa à dédicacer aux filles un "Policia" pas nécessairement fait pour.
Si cette fois aucun très vieux titre ne fut ressorti comme souvent, l'inusable "Arise" conclut le set sur un ton pur Thrash en accord avec les autres groupes du soir.
Le rappel attendu enchaîna "Rattamahata" visiblement à l'instigation de Casagrande (il est joueur, je vous dis) où le quadra Brésilien derrière moi enfin débarrassé de sa femme se laissa complètement aller malgré son taux d'imbibition, et l'incontournable communion finale de "Roots Bloody Roots" usé jusqu'à la corde mais on ne s'en lassera jamais…
Vous l'aurez compris, je ne regrette absolument pas l'investissement. Pas une fausse note, un répertoire lourd et pourtant varié ; offrant des monuments, des exhumations pour les vieux fans et des nouveautés de moins en moins contestées et pour cause, le grand jeu… La comparaison avec Soulfly est vraiment cruelle. J'ai déjà envie de revenir à Toulouse dans deux mois pour une autre affiche.
Trauma of War/ The Vatican/ Kairos/ Propaganda/ Impending Doom/ Manipulation of Tragedy/ Convicted in Life/ Dusted/ Age of the Atheist/ Desperate Cry/ The Hunt/ Spectrum/ Da lama ao caos/ Inner Self/ Territory/ Refuse-Resist/ Policia/ Arise
Rattamahata/ Roots Bloody Roots
C'est toujours un plaisir de lire tes reports !
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49