Depuis la pandémie et l'inflation, on ne fait que dire que c'est difficile pour les petits concerts. Alors il faut y aller, car c'est investir pour la pérennité de la scène en plus de passer un bon moment. Entre un samedi en famille et un dimanche à devoir bosser, il y avait à la Secret Place cette petite affiche sympathique et cohérente de Death Metal avec deux groupes locaux et un étranger à découvrir, pour un prix raisonnable. Parti sans me presser dans une fin de journée fraîchement printanière, j'arrivai pourtant bien en avance sur l'horaire fixé au programme. Il est vrai que rien ne s'opposait à ce qu'on attende que tout le public arrive pour commencer. Et à soixante-dix personnes à la louche tout compris, alors qu'un autre petit concert HC-Metal était à l'affiche ailleurs dans l'agglomération, je considérerais cette audience comme un succès. Aux fans s'ajoutaient apparemment quelques relations des musiciens pas très familiers du Metal extrême, c'est habituel quand on joue chez soi.
En dépit de ce que j'avais trois fois le temps de me nourrir, j'ai réussi à être encore à table devant ma salade quand l'intro du set d'ANTROPOFAGO s'est fait entendre jusque dans la cour. Je rentrai donc dans la salle à peu près à la moitié du morceau inaugural. Il s'est passé bien du temps depuis la dernière fois que j'ai vu le groupe et depuis, certains membres sont partis et d'autres sont revenus autour du guitariste qui en est resté le seul membre permanent. Le Death de mes compatriotes est toujours aussi brutal, le nouveau growleur a un beuglement naturel comme son prédécesseur historique parti vers d'autres aventures, ce que j'apprécie. La férocité rappelle toujours Origin ou Kronos et on pouvait aussi profiter de la belle performance du batteur historique qui, lui, est de retour avec un CV plus étoffé.
Ceci étant, je retrouvai aussi le mix traditionnel du groupe privilégiant justement à un niveau exagéré, à mon goût, la batterie et le growl. La basse – sans tête – ne se distinguait presque pas et si la guitare s'entendait, on aurait pu profiter mieux des solos et de quelques riffs ingénieux en tournant quelques potards. Mais c'est comme ça. Le public était dedans mais se réservait encore pour la suite. Les pauses entre chaque titre n'invitaient pas à se lâcher, c'est le problème commun aux jeunes combos et à ceux dont le line-up change régulièrement. La bonne nouvelle, c'est que les mangeurs d'hommes reviennent avec un EP sur le point de sortir et dont nous avons eu la primeur de quelques extraits bien entendu. L'arrivée de plans ralentis mieux développés annonce que certaines limites vont tomber, sans rien trahir. Il faut souhaiter que le groupe trouve la stabilité pour reprendre la marche en avant.
Venait ensuite le second quartet de chez nous, dont le beugleur a fait une pige chez Antropofago comme certains autres membres se partagent aussi avec d'autres formations locales. BENEATH AN OBSIDIAN SKY est plus récent mais a fait son trou dans la scène Deathcore française. La différence entre le Death brutal et cet autre genre était parfaitement illustrée par l'enchaînement de deux groupes humainement proches. Combinant les beats down écrasants à l'unisson et les nappes de clavier orchestral en fond, BaOS ne fait pas dans l'originalité mais domine complètement son style. Les vocaux alternent les bons growls graves et ceux criés qu'on qualifie peut-être abusivement de Black Metal (je renvoie le débat à une autre fois, mais mon opinion est faite depuis beau temps), les riffs pilonnants n'excluent pas quelques brefs solos propres, et surtout le mixage était beaucoup mieux équilibré permettant de bien profiter de chaque instrument. Le beugleur nous haranguait avec aisance et complicité, en s'accroupissant ou en se dressant sur une cagette noire posée entre deux retours. On se laissait aller un peu plus volontiers sur ces riffs monstrueux et lents, les accélérations n'ayant pas permis de monter jusqu'à un véritable pogo malgré l'invitation – mais ce n'est pas grave. Au bout d'une petite quarantaine de minutes, un ancien morceau vint terminer ce set classique mais maîtrisé.
Enfin les Gallois de SODOMIZED CADAVER se présentaient dans une lumière rouge sang et avec des dégaines puant le Death Metal. En fait, le trio achevait une mini-tournée de deux dates avec BaOS, après Toulouse la veille. Et ces inconnus montrèrent rapidement qu'ils allaient nous taper sévère. Leur registre est dans le lourd plutôt brutal, mais sans blasts. Sous ce nom où le retard mental volontaire ressort encore mieux que la perversité la plus répugnante, nous retrouvions un cocktail empruntant à Cannibal Corpse, Dying Fetus ou Necrophagia, enchaînant les riffs percutants autant le corps que la mémoire. En parlant de choc la fosse se forma sans tarder, enfin, pour un petit pogo qui ne cessa presque jamais au long du set. Car le gros atout de la tête d'affiche, c'était la capacité d'enchaîner, de ne jamais relâcher la pression en utilisant notamment des annonces en anglais guttural. Le guitariste-growleur y mêlait un peu d'humour pince-sans-rire tout britannique, Son physique de roux aux cheveux longs dans un gabarit compact fleurait bon le Rugby si cher à leur patrie. En tout cas, eux n'allaient pas partir avec la cuillère de bois ce soir.
La débilité assumée et savourée du propos s'adossait à un certain souci de construction musicale et à une production audible qui les distingue un peu, au moins sur scène, de la masse infinie des combos partageant la même passion sans forcément parvenir à la servir aussi efficacement. Surtout, les Gallois laissent à d'autres les évolutions plus modernes du Death Metal pour se cantonner à une version primaire libérée des codes de styles plus tardifs et assez contraignants pour la créativité. Sans être brillantissime, le batteur fondateur du combo maîtrisait les variations de tempo en y apportant suffisamment de rigueur, sur des caisses sonnant suffisamment bas à mon goût. Comme nous avions eu notre dose de blasts plus tôt dans la soirée, cette variété passait très bien. Le bassiste connaissait un peu de français et se plaisait clairement à le montrer en soutien à son guitariste, tout comme il assumait quelques brefs chœurs.
Pour la fin du set, les Celtes nécrophiles demandèrent au public de monter avec eux sur la scène (qui se limite à une surélévation de quelques maigres centimètres en ce lieu étroit), ce qui serait une tradition chez eux. Mais si quelques-uns le firent, les gens préféraient surtout continuer à pogoter. Puis la batterie fut prêtée à un enfant qui avait bien profité du set et suit manifestement des cours, pour taper avec lui un bœuf improvisé, basique mais dont il se souviendra longtemps. On a beau se vautrer dans le gore, on a bon esprit. Cymru am byth !
S'achevait ainsi un concert équilibrant bien cohérence et variété presque complémentaire entre les trois formations au programme. En partant, s'entendaient au loin les mélopées flamencas du camp gitan installé depuis quelques semaines en arrière dans la même zone industrielle. Un truc bien de chez nous, assez décalé après cette soirée. Mais il y a peut-être une parenté entre leurs familles qui se rassemblent le soir au milieu du camp pour écouter la musique de quelques-uns d'entre eux, et les passionnés en marge des grands courants musicaux qui se réunissent pour faire vivre leur culture près de chez eux, même en dehors des grands pèlerinages et des tournées massives.
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24