Enfin ! Après trois mois et demi d'abstinence forcée, un concert intéressant était programmé, à l'occasion du 21 juin. Les tournées n'ayant pas recommencé, il ne pouvait s'agir que de groupes régionaux. La réunion avait lieu dans un lieu privé confidentiel quelque part dans l'Hérault, annoncée uniquement par bouche à oreille, sans aucune promotion par internet, avec présence accrue des conjointes et des amis. L'organisation veilla parfaitement au respect des normes de sécurité sanitaire encore en vigueur. Cela fait drôle d'ajouter un masque aux protections auditives par ces chaleurs, mais il va falloir s'y faire quelque temps sans doute comme le reste. Cette reprise n'est pas un retour à la normale, et cette organisation au parfum de clandestinité nous ramène aux racines d'une musique à la marge, d'un mundillo qui organise sa vie à l'écart, même si en France nous ne pouvons pas prétendre y ajouter la persécution subie sous d'autres cieux, heureusement.
Le premier groupe du reste de notre vie de concerts aura donc été FERAL, formation à quatre rassemblant des membres de Stuntman, Superstatic Revolution et Morgue entre autres, que je n'avais pas revue depuis beau temps. Leur musique semblait s'être alourdie dans l'intervalle, même après que le chant gras soit remixé à un volume convenable. Le Sludge le plus sale et pégueux se mêle à un Grind brutal, au fond crust sensible malgré ce chant plus growlé que braillard. C'était encore plus lourd que dans mes souvenirs, les passages ternaires étant franchement écrasants après les blasts dévastateurs délivré par un batteur dont je n'avais pas vraiment apprécié jusqu'alors la compétence, en raison de ce son volontairement un peu sale à son poste. Cette sensation de pesanteur était certainement accrue par l'attitude relativement réservée du groupe, qui avait pour la majorité un second set à assurer un peu plus tard dans la soirée. Le bassiste assurait quelques brèves parties de chant. Le public se contentait de bouger un peu devant mais la chaleur, les masques incongrus et la prudence imposée par les circonstances ne laissait pas espérer plus.
SKULLSTORM évolue dans un style assez proche. Rassemblant des gens passés par Morse ou Super Beatnik, cet autre groupe à quatre prodigue un croisement entre Crust, HC New School et Punk ; Amebix, Minor Threat et Black Flag. Ce trait Punk se ressentait notamment dans le son, moins lourd et moins fort. Fidèle à son attitude, le chanteur occupa un grand espace à travers la salle en se déplaçant d'un endroit à un autre sans être gêné par l'emploi d'un micro filaire, avec l'aide discrète de l'assistance habituée à aider ce type d'expression scénique. Le son craquait parfois, ce qu'on pardonnera aisément vues les circonstances. Le style est sans prétentions, mais c'est bien fait.
Je n'avais encore jamais vu HARAH bien que cela fasse un moment que ce duo batterie-guitare/chant, né des cendres d'un précédent projet nommé Lahius, est actif depuis quelques années. Il venait offrir le "moment calme" du programme avec son Post-Rock tirant vers le Post-Hard-Core ou un Post-Punk Shoegaze pour les passages les plus légers... cela fait un peu revenu de tout ! Cerné au sol d'un nombre de pédales qui suffisaient à lui garantir une distance sanitaire conforme, le guitariste ajoute un chant masculin naturel très présent, inhabituel pour ce créneau, qui y donnait un grain années 90. Bien sûr, le plan était fait de titres longs ménageant des montées en puissance inexorables, pour autant qu'une bonne vieille Gibson puisse en donner. Le batteur assurant seul la partie rythmique fit montre d'une maîtrise certaine avec des parties complexes qui ont fait la différence, évitant à l'ensemble de choir à ce niveau de musique soporifique et poussive que la description écrite pourrait laisser craindre.
Enfin les Sétois de STUNTMAN apportaient toute leur expérience de survivants de la vieille scène locale comme il n'y en a plus beaucoup vingt ans après. La radicalisation déjà constatée il y a quelques mois s'est confirmée. Le mélange historique du groupe entre HardCore chaotique, Noise, Stoner et Metal des années 90 s'est durci, au point que la set list écarte les anciens tubes qui étaient incontournables jadis. Des passages en blast bien Death ou Grind, mêlés au reste, rappelaient que le groupe continue à évoluer au-delà du groove déjanté qui unissait ses premières inspirations. Le chanteur aurait pu paraître métamorphosé par rapport au set de Feral pour qui ne le connaîtrait pas, retrouvant sa prolixité agressive mais bon esprit, et une attitude plus mobile. Le retour à une musique plus explosive et maîtrisée parfaitement par les quatre membres, quelle que soit leur ancienneté, relança les énergies et à défaut de pogo il y eut bien quelques bourrades. Le mélange peut apparaître trop vaste à la simple description, mais en pratique il fonctionne depuis beau temps, ce n'est pas par hasard que l'on a tourné plusieurs fois à travers l'Europe. La performance de ce soir spécial montrait une affaire qui roule, une fois de plus. En dépit de l'heure avancée certains étaient chauds pour prolonger le set avec les trois nouveaux titres encore inédits, mais il n'y avait pas le temps.
Cela faisait des années que je n'avais pas subi une privation aussi longue, qui donnait une impression de retour de décrassage sur la route de la maison, celle que l'on éprouve lorsqu'on retrouve les sensations d'un sport que l'on reprend après une période d'arrêt. C'était bien plus que la fatigue positive habituellement ressentie lorsqu'on a maintenu le rythme, ou que le banal retour de concert par une chaude soirée d'été. L'avenir demeurant incertain, cette expérience simple devait être aussi savourée à sa juste valeur.
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09