The Exploited était déjà passé plusieurs fois en ville mais je n'étais jamais allé les voir. Cette fois, le contexte de forte privation de grosses guitares en live ces derniers mois et la bonne réputation du groupe dans cet exercice m'ont motivé à aller voir cette vieille institution parfois critiquée. Ne sachant trop comment m'habiller j'ai ressorti le vieux t-shirt banal de Joy Division reprenant la pochette d'"Unknown Pleasures", bien usé, plutôt qu'un Napalm Death plus prévisible. On reviendra à ce détail.
Avec le covid, cela faisait plus de deux ans que je n'avais pas vu la TAF aussi remplie. Comme la bande-son d'ambiance dans la cour le rappelait, le Languedoc est une terre d'ancienne tradition Punk. Et vu l'orientation assez Metal de la soirée, il n'était pas étonnant de revoir quelques têtes connues – et de déplorer des désistements de dernier moment.
J'eus la surprise de reconnaître d'ailleurs une connaissance hors de mes activités musicales comme bassiste du quintet local d'ouverture F.O.M. (FRIENDS OF MISERY), aux côtés de Melmoth, l'ancien chanteur d'Antropofago. En termes d'expérience, il ne s'agit donc pas de jeunes débutants. Avec un son fort et une production costaud, ils ont balancé un répertoire varié, commençant Punk Métallisé (mais en anglais, rien à voir avec un sous-Tagada Jones !) puis piochant dans un Hardcore Crossover à la Biohazard ou Sworn Enemy, revenant ensuite à un Punk Thrashy avec solo à la guitare gauchère. Melmoth n'a pas perdu son humour dans ce nouveau projet, qui lui permet de mettre un peu plus en valeur ses qualités vocales qu'avec le Death brutal de son précédent groupe. La qualité du son laissait profiter aussi de chaque instrument sans qu'aucun ne soit noyé, on aimerait que toutes les premières parties locales soient aussi bien traitées.
Après un titre consacré aux défécations canines ("Watch Your Feet"), un morceau plus long totalement Black Metal élargissait encore les terrains musicaux explorés par le groupe. Il me sembla que la difficulté technique croissante du set à la batterie n'était peut-être pas un hasard. Mais comme il restait du temps, s'ajouta une reprise pêchue de "Creeping Death" dans sa version live et dans son intégralité, fort bien exécutée jusque dans les solos (même si leur restitution parfaite n'était pas atteinte, mais c'est un idéal un peu vain dans ce contexte), pour le grand plaisir du public. F.O.M. avait en effet commencé comme groupe de reprises de MetallicA, ainsi que son nom le suggère. L'avenir dira si le groupe se limitera à se faire plaisir et à faire plaisir à cette place de première partie, ou ambitionnera de percer en prenant le risque de se spécialiser. Pour ce que j'en dis, il y a moyen de devenir plus gros.
FAT SOCIETY, pour rester dans ce registre adipeux, est encore moins une bande de premiers communiants. Formé vers 1997 du côté de Toulouse, le combo a légèrement émigré vers Montauban au fil des ans et s'est imposé comme un poids lourd du Hardcore méridional et au-delà, dans une démarche beaucoup plus homogène que son prédécesseur. C'est du très lourd, du direct, carré, qui a l'attitude sans devoir se forcer à trop singer Kickback. Les guitares pilonnaient sévèrement tout au long d'une setlist qui a emprunté à toutes les périodes d'une longue histoire que Bastard, le chanteur, n'a pas manqué de rappeler. À la marge, entre Melmoth et lui on pouvait apprécier la variété de l'accent du Midi d'une région à une autre. Le public connaît bien le combo qui passe régulièrement ici. Il a apprécié cette sentence aux compositions suffisamment variées pour éviter la monotonie qui peut menacer tout ce créneau du Hardcore. Il faut reconnaître qu'aucune hésitation de style ne transparaissait d'un titre au suivant. Sans les précisions historiques en introduction, il aurait été impossible de dire lesquels étaient plus anciens que les autres. Une chanteuse fut invitée sur l'avant-dernier morceau, même s'il est difficile de tenir le niveau du cri de Bastard en arrivant à froid. Le set fut assez court, mais brutal et sans compromis !
À la pause dans la cour plusieurs personnes différentes vinrent me féliciter pour le t-shirt savamment décalé que j'avais revêtu, à mon grand dam. Ce qui permit néanmoins de transmettre des connaissances à des fans plus jeunes désireux de nouer une conversation sur un style parallèle.
Mais pendant ce temps la salle s'était remplie et quand THE EXPLOITED entonna son premier riff il fallut se précipiter et jouer un peu des coudes à mesure que le temps passait pour gagner lentement une place acceptable. La vénérable institution du Punk deuxième génération attaquait pied au plancher menée par son inusable chanteur Wattie Buchan qui avait même remis sa bonne vieille crête rouge abandonnée pendant quelques années. La popularité persistante du groupe Écossais, alors qu'il n'a plus sorti d'album depuis presque vingt ans, s'explique aisément à l'oreille : leur Punk est pur, rapide, et très apparenté au Hardcore Américain des origines, ainsi qu'au Thrash le plus speed. Les problèmes de retours ont brisé momentanément la cadence au bout de quelques titres, sans gâcher tout le concert. Au reste, le service d'ordre présent sur la scène en début de set finit par se retirer (comme si on n'était pas assez serré sur cette mini estrade…). Le père Wattie, posant généralement voûté avec le bras tendu, ne fait pas dans la finesse – déjà, porter un t-shirt de son propre groupe est plutôt plouc. Mais la fosse n'en avait cure : elle occupait un vaste espace et finalement ma position lointaine se révélait être au premier rang de ceux qui regardaient sans pogoter. Autant dire que j'ai pris quelques petits pains et aidé plusieurs slammers à l'atterrissage, mais c'est aussi pour ça qu'on vient. Sans qu'il soit besoin de connaître le répertoire sur le bout des moignons, certains titres étaient facilement reconnaissables. C'est du Punk. On pouvait identifier par exemple sans aucune peine "Fuck the USA", "I Still Believe in Anarchy" ou "Beat the Bastards". Souvent, cela part comme des chansons à boire qui dégénéreraient au bout de quelques notes.
Comme pour confirmer les liens tissés au fil du temps avec le Metal, le guitariste arborait un t-shirt de Nailbomb (l'antique groupe parallèle de Max Cavalera et d'Alex Newport de Fudge Tunnel). Le grand bassiste était plus mobile sur la petite scène avec ses dreadlocks et ses mimiques. Le batteur, enfin, n'est autre que Wullie Buchan, le frère du chanteur, sa copie à peu près conforme sans la crête en option, et dont la qualité prouve qu'à son niveau de jeu Punk à fond il n'est pas un dilettante. Il s'extirpa de son coin pour prendre la parole quelques instants, avec de meilleures bases de français que son frère, mais aussi le même accent Écossais. Après un attendu "Sex and Violence" et son intro débile et fédératrice, le set s'acheva triomphalement et sans rappel.
Le temps de faire le point sur les dernières annulations avec quelques camarades, puis je repartis. Je ne regrette pas d'être venu, démonstration étant faite de ce que le Metal doit au mouvement Street Punk de la seconde vague, avec Discharge et eux. Et puis ça faisait un excellent tour de chauffe pour la prochaine affiche.
Tu as osé Joy Division et moi j’ai osé le tee shirt avec le logo de la Motown ;-))
on affiche ce qu’on aime, peu importe l’endroit je pense ;-))
excellent report, merci !
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