Rendez-vous pris avec le bonhomme bien avant la réception du dernier album solo, The Mandrake Project, l'occasion de voir l'une des meilleures voix de Metal et de façon générale également dans d'autres conditions qu'avec IRON MAIDEN était trop belle. Direction donc le magnifique complexe du Rockhal à Esch-Sur-Alzette au Luxembourg en ce dimanche soir.

Située au milieu d'un complexe de bureaux d'affaires et de l'Université du Luxembourg, au milieu des vestiges du passé industriel de la ville, la salle du Rockhal est en fait un bâtiment regroupant 2 salles de concert. Ce soir, BRUCE DICKINSON va occuper le Club et GARBAGE la grande salle, le bonhomme dira même dans la soirée que c'est la première fois qu'il tourne avec GARBAGE, l'humour particulier du bonhomme, il ne l'a pas perdu, c'est certain. Arrivé  sur place, le groupe Luxembourgeois, ATOMIC ROCKET SEEKERS a déjà terminé son set et les roadies s'affèrent à la mise en place de la scène pour la voix d'IRON MAIDEN qui officie donc en solo sur cette tournée. Le groupe est un mélange de Rock et de Metal alternatif aux consonances plutôt modernes, pas certains que le public de BRUCE DICKINSON soit vraiment friand de ce genre mais bon, n'ayant pas pu voir le groupe je ne sais pas ce qu'il en est. Le concert est sold-out depuis plusieurs semaines maintenant et la salle est remplie de Français, d'Allemands, de Luxembourgeois, c'est une mixité habituelle dans cette salle tant elle est au carrefour de plusieurs pays et jouit en plus d'une super acoustique et de très bonnes conditions pour le public. A titre personnel, je préfère d'ailleurs aller jusqu'au Rockhal plutôt que de monter à Paris où tout n'est que galère et source de stress et d'énervement.

L'introduction est le générique de la série Les Envahisseurs puis le groupe prend possession de la scène. A la batterie, nous avons Dave Moreno, membre de PUDDLE OF MUDD et ex-LOVE/HATE, à la basse, l'ex-DEE SNIDER, Tanya O'Callaghan, aux claviers, Mistheria qui a une carrière solo et qui contribue également à ARTLANTICA ou TOWER OF BABEL, et un duo de guitariste formé de Chris Declercq (ex-BLAZE BAYLEY) et Philip Naslünd (ex-RAID). Et toutes ces personnes forment bien plus que des simples accompagnateurs, ils connaissent les paroles et les chantent même lorsqu'ils n'ont pas de chœur à assurer, une réelle complicité est visible entre tous les membres et Bruce Dickinson s'intègre parfaitement au milieu de cette alchimie qui semble prendre, loin de faire le patron, de même que Steve Harris ne le fait pas dans BRITISH LION, bref, la confirmation que ces gars sont vraiment des types comme la scène en a besoin, un sourire constant, un vrai plaisir d'être là est ressenti dans le public qui lui rend parfaitement. L'accueil du public est extraordinaire, ce qui aura pour conséquence d'ôter les mots de la bouche au très bavard Bruce Dickinson lors de sa première prise de paroles du soir, semblant surpris et toucher par cette acclamation générale. Après "Toltec 7 Arrival" c'est "Accident Of Birth" qui déboule et cela met parfaitement en condition pour la suite. Le public est clairement acquis à l'anglais qui poursuit avec "Abduction" et "Laughing In The Hiding Bush" largement repris par le public. Première bizarerie, Bruce Dickinson s'éclipse très régulièrement en fond de scène mais pas du tout caché pour boire, se moucher et même cracher dans des mouchoirs, il semble malade et demandera d'ailleurs à couper la clim qui lui souffle dans le visage car cela le gêne considérablement pour le chant. Toutefois, lorsqu'il revient en devant de scène, c'est comme si de rien était, l'homme lâche ses lignes vocales avec le talent qu'on lui connait même si l'âge faisant son œuvre on ne peut pas s'attendre aux mêmes versions qu'il y a 25 ans maintenant. L'énergie est vraiment intense et cela bouge beaucoup dans le public, un super début de show. Le premier titre issu de The Mandrake Project, "Afterglow Of Ragnarok" est extrêmement bien accueilli et il faut dire que ce morceau passe parfaitement le test de la scène et s'intègre très bien au vieux catalogue de BRUCE DICKINSON. La pochette de Skunkworks apparait en fond de scène et c'est "Faith" qui est proposé avant le terrible "Jerusalem" enchainé à l'excellent "Chemical Wedding". "Resurrection Men" et "Rain On The Graves" nous ramènent sur le nouvel album avec la projection d'une partie du clip de ce dernier titre qui donne une atmosphère particulière à sa version live. 

Le groupe se retire pour laisser Dave Moreno se lancer dans un solo de batterie qui débouche sur "Frankenstein", une reprise du EDGAR WINTER GROUP avec des couleurs très psychédéliques et Bruce Dickinson qui se met aux percussions avant que ne soient servis "The Alchemist" et "Road To Hell", magnifique conclusion de cette première heure de show. Le chanteur explique qu'ils étaient la veille au Hellfest et qu'ils ont eu le droit à un show plus court. C'est ainsi que les rappels commencent, les applaudissements étaient nourris et sincère mais dans la décontraction habituelle de l'anglais il se lance dans une tirade comme quoi il ne peut pas partir comme ça après une heure, bonsoir à tout le monde, et que bien entendu, ils ont prévu des rappels. Et paf, "Tears Of The Dragon" en ajoutant "Quel dommage pour le Hellfest qu'il n'ait pas eu ce titre" avec son rire habituel. "Book Of Thel" et "The Tower" terminent cette prestation de haute volée où Bruce Dickinson a alterné le français et l'anglais, où il n'a pas manqué de charrier le Luxembourg car ils n'étaient pas en lice pour le championnat d'Europe de football en Allemagne alors que l'Angleterre venait de gagner son match en début de soirée, ajoutant qu'ils n'étaient de toute façon jamais dans aucune compétition de foot en générale. Après ce magnifique "The Tower" là aussi largement repris par le public, l'ensemble du groupe se plait à rester sur scène un long moment, jetant médiators, baguettes, bonnet même pour Bruce, on sent que les musiciens sont touchés par cet accueil très chaleureux et qu'ils auraient bien remis le couvert, surtout que les coquins s'amusent à changer la setlist de soirs en soirs, c'est donc qu'ils ont d'autres titres en réserve au cas où, et notamment ce "Darkside Of Aquarius" qui, personnellement, aurait fait mon bonheur absolu. Mais très rapidement, la bande son part dans la sono, les lumières se rallument, coupant toute envie possible à Bruce Dickinson de bousculer le planning.

Alors oui Bruce Dickinson n'a plus la voix de ses 40 ans, mais il donne clairement la leçon à beaucoup de vocaliste du circuit, même malade et même à son âge, il faut l'entendre faire son cri traditionnel, celui que l'on avait régulièrement sur la tournée du Fear Of The Dark, ceux qui connaissent le A Real Dead One savent de quel cri je parle, et là il le place parfaitement sur "The Tower", en fin de show, grand respect pour ce bonhomme et puis rien que pour entendre "scream for me Luxembourg!" ça valait le déplacement. Mais le message que l'homme semble vouloir faire passer c'est que "the retirement sucks", c'est inscrit sur le nouvel album et il le répète à maintes reprises ce soir, signe que la retraite n'est pas pour maintenant. Il dit également qu'il reviendra au Luxembourg et qu'il soit certain que le public répondra présent parce que quel showman, quel vocaliste et quel groupe talentueux il a su former autour de lui. Personnellement, j'aurais aimé que Roy Z. puisse prendre part aux lives mais bon, c'est déjà excellent de voir un tel line-up avec une telle setlist.

Setlist : Accident Of Birth / Abduction / Laughing In The Hiding Bush / Afterglow Of Ragnarok / Faith / Jerusalem / Chemical Wedding / Resurrection Men / Rain On The Graves / Frankenstein (THE EDGAR WINTER GROUP cover) / The Alchemist / Road To Hell / (encore) : Tears Of The Dragon / Book Of Thel / The Tower