The Mission

The Mission, Divine Shade

Le Rex, Toulouse (France)

du 24/09/2024 au 24/09/2024

Vous m'avez manqué. Je n'ai fait aucun festival cet été ni le moindre concert au mois d'août… Left to Die / Incantation me tentait bien, mais la date tombait mal dans mes déplacements estivaux et de toute façon ce fut complet plusieurs jours à l'avance paraît-il. La rentrée étant l'occasion d'un bilan annuel intermédiaire, vous aviez dû remarquer qu'en 2024 je ne me suis encore jamais exporté pour des concerts hors de ma ville – ou si peu loin. En plus ce n'était pour voir que du Metal, alors que vous étiez habitué à ce que je sollicite parfois sévèrement votre capacité d'ouverture musicale, avec le consentement bien plus complice que patient de mes camarades de la rédaction (loués soient-ils !). Mais la dernière partie de l'année va renouer avec tout cela. Le programme est même fort chargé. Dès ce soir, nous nous déplaçons à Toulouse pour voir un vieux classique des années 80.

En fait d'éclectisme, The Mission n'exige pas un énorme effort de la part du fan de Metal moyen. L'histoire du groupe est bien connue, né du conflit au sein des Sisters of Mercy en 1986 après le premier album, deux membres partirent en fort mauvais termes fonder leur propre boutique pour réaliser leur vœu d'évoluer vers un Rock plus facile et populaire en se replaçant vers la Folk, le Glam et la New Wave qui régnaient alors. Et le fait est que Wayne Hussey et Craig Adams atteignirent rapidement un franc succès. Les fans leur sont restés très fidèles encore aujourd'hui malgré le temps, les égarements de la créativité et les adieux provisoires habituels dans les longues carrières. Pour ma part, c'est plutôt une affaire de quelques mois de forte consommation suivis d'un détachement encore plus rapide, les critiques venimeuses de leur ancien camarade Eldritch se révélant non sans fondement. Cela ne m'empêcha pas d'aller voir Wayne Hussey quand il passa en solo à Montpellier en 2019 à la même saison – vous en retrouverez trace dans les archives de cette section. En gardant un bon souvenir, je me décidai à saisir l'occasion de le voir en formation complète quand elle s'annonça il y a plusieurs mois.

Arrivé sans histoire à Toulouse, la devanture du Rex ressemblait à un rassemblement de vieux corbeaux au crépuscule. J'ai fini par m'attacher à cette salle bien placée, avec son puits sous verre dans les wc. Sur scène, une seconde batterie posée au pied de la grande confirmait qu'il y aurait bien une première partie, bien qu'elle n'ait été annoncée nulle part. Entre vétérans, cela discutait avec un parfait accent toulousain qu'on n'allait pas mettre le t-shirt des Sisters acheté l'an dernier pour venir ce soir. La provocation eut été grosse, et pourtant j'ai aperçu au moins un impertinent dans l'assistance bien garnie, proche du complet sans doute. On repérait aussi quelques Metalleux.


Sur un beat quasiment EBM, un jeune trio masculin vêtu de noir gagna la scène. DIVINE SHADE envoya un Rock Indus aux fortes réminiscences Dark Wave dans son versant Pop, dynamisée par une guitare et une batterie valorisée par le mix qui tapait assez dur. Le chant alternait l'anglais et le français, en tâchant de tirer son baryton naturel vers les graves. Le public plutôt attentif tendait à rester sur la réserve, le guitariste nous harangua avec ardeur ; mais c'est plutôt la capacité à varier le tempo qui amena une partie des premiers rangs à se remuer. Les rythmes tribaux et quelques passages agressifs au chant sonnaient même comme du Killing Joke tardif. On apprit qu'ils venaient de Lyon et qu'ils avaient déjà fait une tournée anglaise avec Gary Numan. Sur une quarantaine de minutes, le chanteur utilisa une seconde guitare sur un titre mais surtout un petit synthé sur d'autres, pour éviter que tous les effets soient enregistrés et maintiennent les musiciens dans une attitude statique barbante : le groupe assume un ton froid et classique, mais ne veut en aucun cas se montrer ennuyeux. Au fil du set c'est surtout le travail rythmique qui y pare, plutôt que les samples très classiques à la NIN, Mesh, Depeche Mode (voire le Host de Paradise Lost) Les acclamations crescendo au long du set tendent à montrer qu'ils y sont parvenus, et qu'ils peuvent avancer encore loin au-delà des deux EPs qu'ils ont sous le coude à ce jour. Leur set s'acheva curieusement sur l'annonce par la direction qu'on allait couper la clim' à la demande de The Mission.


Les grosses têtes d'affiche ne laissent pas à la discrétion de la salle le fond sonore préparant leur arrivée. Un sobre logo éponyme apparut en fond de scène. Tandis que trépignait le public largement quinquagénaire (plusieurs devaient être facilement grands-parents, dont des Britanniques, à côté de quelques fans plus jeunes qui connaissent leurs classiques, dont des Espagnols), l'attente fut savamment distillée en passant des Young Gods à la version Hendrix d'"All Along the Watchtower" et surtout un "Babe I'm Gonna Leave You" du Zeppelin qui avait tout son sens non seulement comme inspiration pour Hussey, mais aussi parce que John Paul Jones a produit l'un des premiers albums du groupe dans les années 80 et les a activement promus.


Un long sample à plusieurs couches annonça enfin l'entrée de THE MISSION sous une clameur qui en disait long de l'attachement des fidèles, couvrant la citation mythique débutant un "Wasteland" repris généreusement en chœur, titre parfait pour prendre ses marques tout en mettant par terre tout le monde d'entrée de jeu, avec pluie de cotillons sur le tout. L'enchaînement avec deux autres vieux titres des années 80 "The Serpent's Kiss" et "Over the Hills" combla l'assemblée comme une mise au point détendue mais très ferme. The Mission est le fantasme parfaitement abouti d'un U2 de la grande époque qui aurait viré Hard Rock façon the Cult, surtout avec le chant du père Hussey qui n'a pas vieilli même s'il était un peu sous le flot clinquant de sa guitare douze cordes (!) poussée par celle plus classique de son vieux camarade Simon Hinkler qui accuse un peu plus visiblement le poids des ans. Le set dériva vers des titres un peu moins anciens voire tiré du fort bon dernier album de 2016, mais que tout le monde connaissait aussi bien. Hussey est avant tout un redoutable "songwriter" : quand vous avez écouté deux fois un titre de The Mission, vous l'aurez dans un coin de la tête toute votre vie. Cela m'a permis d'apprécier pleinement le set, presque aussi bien que ses dévots les plus fanatiques qui se montraient parfois très exaltés et connaissaient toutes les paroles.

Nous eûmes néanmoins dans le tas un titre inédit ("Kindness…") qui ne déparait pas mais sur lequel il était plus difficile de participer. Son intitulé en dit long sur la personnalité de Hussey, qui est fondamentalement un brave garçon : il boit du thé chaud sur scène pour se préserver (surtout la gorge, comme pour l'arrêt de la clim') et taquine gentiment la foule d'une voix douce. La coupe courte lui va mieux d'ailleurs, là où les deux autres membres historiques gardent le chapeau. Par contre, Craig Adams ne se cachait pas les yeux derrière des lunettes noires, c'était le batteur nettement plus jeune qui imitait les deux autres par cet accessoire. Entre chaque titre, le patron glissait de brèves instructions à ses camarades. Même les titres récents conservent la grande charge d'émotion partagée que le groupe est capable de partager, comme ce "Metamorphosis" à fleur de peau. Le final tournait à la célébration transcendante avec le candide mais efficace et aimé des fans "Like a Child…" et l'incontournable, monumental, irrésistible "Deliverance" comme culmination d'une communion parfaite (avec petit pogo tranquille inclus côté droit), achevée par Wayne lâchant sa guitare et tendant le micro à la foule pour en prolonger le refrain on ne peut plus simple et fédérateur… À chaud, il faut goûter sans trop réfléchir ces compositions très adroitement tubesques et ces paroles aussi ingénues que consensuelles. Le départ en coulisses ne trompait personne, le valet de scène de Hussey l'attendant devant la porte avec sa Schecter signature à bout de bras…

Le chef, remarquant que le public de ce soir aimait faire les chœurs, sollicita notre aide pour le titre suivant qu'il annonçait difficile à chanter. La partie clavier samplée de "Butterfly on A Wheel" monta alors et le combo y raccrocha doucement son wagon, ce vieux classique sirupeux étant en effet exigeant en sentiment pour le chant. Le fougueux et bref "Severina" fut enchaîné, et on se doutait que ce serait cette fois vraiment la fin quand on reconnut "Tower of Strength", dernier classique charpenté mais lent et long sous un éclairage presque a giorno. Une spectatrice grimpa alors les pieds sur les épaules de son conjoint, aidés par deux amis, pour savourer à hauteur avec le groupe ce qu'on sentait être pour elle le titre d'une vie… elle peut remercier ses compères qui ont dû tenir bon pendant bien huit minutes.


Wasteland/ Serpent's Kiss/ Over the Hills and Far Away/ Fearful/ Evangeline/ Neverland/ Kindness is A Weapon/ Wake/ Metamorphosis/ Grotesque/ Like a Child Again/ Deliverance

Butterfly on a Wheel/ Severina/ Tower of Strength


Comme au début, balancer le vieux chant patriotique britannique "I vow to thee my country" pour accompagner la sortie du public ne pouvait pas être un hasard. Ayant pu consulter les setlists posées au sol de la scène, le set a été un peu tronqué et surtout joué dans un ordre assez différent ce qui peut expliquer pourquoi Wayne allait dire un mot à l'oreille de chacun entre quasiment chaque titre. Une fan de Depeche Mode, m'abordant sur la foi de mon t-shirt, m'exprima son regret qu'ils n'aient pas repris "Never Let Me Down" comme ce fut le cas sur plusieurs dates dont la veille à Paris. Mais il n'y eut pas de reprise ce soir.

Une fois douché et couché dans ma chambre d'hôtel surclassée (c'est toujours appréciable), j'étais finalement très content d'avoir commis cette sorte d'infidélité spirituelle sans conséquence envers l'un de mes groupes favoris. C'était une bonne reprise et mise en jambes pour les prochaines semaines où il va falloir tenir un certain rythme avec le What the Fest et diverses escapades anticipées de longue date.

par RBD le 27/09/2024 à 11:42
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