Un groupe culte + un groupe culte ça donne une affiche immanquable !

Qu'on les aime ou pas, il faut bien reconnaitre que les festivals estivaux permettent à ceux qui n'ont pas la chance ou l'envie d'y aller de disposer de quelques dates sympathiques quand les groupes cherchent à s'occuper entre deux festivals. C'était le cas le 15 juin dernier dans la banlieue lilloise où la légende québécoise VOIVOD posait ses flycases entre une date au Pays-Bas et une prestation au Hellfest qui sera l'occasion pour eux d'avoir Snake et Eric Forrest, les deux chanteurs qu'a connu le groupe réunis pour la première fois, mais ceci est une autre histoire.

Le Black Lab est depuis maintenant trois ans un rendez-vous incontournable de la scène lilloise. Pendant longtemps il manquait sur la métropole lilloise une salle à mi-chemin - en terme de taille - entre les bars et autres petites salles d'une centaine de place et le Splendid et l'Aéronef qui peuvent eux accueillir plus de 1000 personnes. Avec une capacité de 666 places (ça ne s'invente pas !) le BLACK LAB a déjà accueilli de belles affiches et d'autres sont déjà prévues.

Celle de cette soirée du 15 juin était on ne peut plus mythique puisqu'elle permettait à VOIVOD (dont la dernière prestation sur Lille remontait au 23 mars 2000 lors d'une date avec THERION) de partager l'affiche avec SUP (dont le dernier concert remontait à plus de quatre ans) qui fêtait ce soir là la sortie de leur dernier album "Octa" disponible dans les bacs depuis quelques jours. Pour l'occasion le groupe disposait du statut de spécial guest et pouvait donc nous proposer un set un peu plus long que les habituelles 30 ou 40 minutes dont disposent généralement les premières parties. C'est donc sur le coup de 20h30 que le quatuor envahit la scène dans une configuration inédite. SUP ou SUPURATION sont des habitués des configurations scéniques originales avec notamment la formation en 2-2 avec basse et batterie en arrière plan sur des podiums mais cette fois l'arrière de la scène étant déjà occupé par la batterie de VOIVOD le groupe est aligné en bord de scène même Thierry dont la batterie occupe le coin gauche de la scène, à quelques centimètres des spectateurs. La proximité de la batterie permet de vraiment profiter de son jeu mais il valait sans doute mieux être un peu plus en retrait pour profiter d'un son bien équilibré où l'on entendait tous les instruments. Le groupe débute par la plage titulaire de l'album "Imago", un long instrumental qui permet aux gars de se mettre en place et à l'atmosphère unique du groupe de s'installer. Comme d'habitude avec SUP les lights sont aux petits oignons, la couleur de la pochette de chaque album est reprise durant les morceaux dont ils sont extraits. La salle est bien remplie et les nombreux fans dont le groupe dispose dans la région ont fait le déplacement. Le groupe va piocher dans tous ses albums, ce qui commence à devenir un peu compliqué quand on a une discographie aussi étoffée que l'est celle de SUP.

 Après "Chronophobia", de l'album du même nom que le groupe joue régulièrement depuis maintenant près de 25 ans, place à "Pseudopodic Phantasm", premier single du dernier album, dévoilé quelques semaines plus tôt. Ce nouveau titre tout comme "Atramentous Sea" qui sera joué un peu tard passe carrément bien. Le groupe est on ne peut plus affuté, après quatre années de silence. Les séances de repét' ont du s'enchaîner sans relâche, notamment le week-end précédent sur la scène du Splendid histoire de reprendre ses marques. Pas de temps mort durant le set des nordistes qui assurent vraiment, la qualité de leur musique suffit largement à convaincre le public. On notera quand même l'excellent "Labi Mente" et le quasi incontournable et toujours monstrueux "Pain Injection". Que serait cependant un concert de SUP sans quelques titres de SUPURATION ? D'autant que pour la première fois depuis la création du groupe une année en "3" n'est pas consacrée à un nouvel album de SUPURATION. Même si la page SUPURATION semble définitivement tournée, le groupe ne pouvait pas laisser passer le trentième anniversaire du mythique "The cube" sans fêter ça, c'est donc devant un public on ne peut plus combler que l groupe a commencé à enchaîner les premiers titres de l'album: "The Elevation", "Soul's Speculum"... On se prend alors à rêver d'une face complète, voire, soyons fous de l'album en intégralité ! Mais le temps a passé très vite et il reste juste le temps d'un "1308.JP.08" avant que le groupe ne s'éclipse. Une set-list bien consistante qui ne nous aura pas laissé sur notre faim. Vivement la prochaine date du groupe qui, aux dernières nouvelles devrait arriver très vite.

Vous ne le savez peut-être pas mais VOIVOD est une des plus grosses influences DE SUP. Ca ne saute pas vraiment aux oreilles comme ça mais c'est aussi surtout dans l'amour de la science-fiction et la volonté de proposer une musique originale et unique qu'il faut chercher l'influence. Il était donc plus que temps que ces deux groupes partagent enfin la même affiche. Après les 30 ans du Cube, c'est carrément les 40 ans de VOIVOD que l'on fête. Avec une discographie de seize albums, le choix de titres est plus que vaste et le groupe va s'en donner à cœur-joie et piocher dans pas moins de onze albums.

 La part-belle est bien sûr laissée à "Synchro Anarchy" le petit dernier dont sont extraits trois morceaux mais le groupe n'hésite pas à aller creuser dans les tréfonds de sa discographie avec un titre extrait de chacun des sept premiers albums du groupe. Le groupe reçoit bien sûr un accueil royal et le groupe semble bien content de jouer chez "les cousins". Snake toujours aussi sympa ne manque pas d'évoquer comme à chaque concert la mémoire de Piggy mais le nom de Jason est aussi cité au moment de jouer "Rebel Robot" de l'album éponyme que l'ex bassiste de METALLICA avait enregistré avec le groupe. 

Tout comme pour SUP, pas de temps mort, le groupe à de la bouteille et sait tenir sa scène. Les 70 minutes durant lesquelles ils jouent défilent très vite et on se retrouve déjà au rappel avec l'incontournable "Voivod". Une bien belle date qui n'a pas manqué de consoler tous ceux qui ne pouvaient pas être au Hellfest.