Nous regrettions un peu d'avoir raté la grosse tournée avec Napalm Death, Dropdead, Siberian Meat Grinder et autres. Mais une tournée serrée de Wormrot promettait mieux qu'une consolation. C'était le Mosh Fest avant l'heure, en clair. D'ailleurs on retrouvait ce soir beaucoup d'habitués du festival, en tout cas ceux vivant dans un rayon de deux cent kilomètres. Et les conversations sous un ciel frais et menaçant tournaient souvent autour de la prochaine date de la tournée à laquelle participeraient tels ou tels. Il faut dire que pour une fois les Singapouriens labourent vraiment la France et l'Europe occidentale, et beaucoup voulaient en profiter au maximum. D'ailleurs, pour une tournée aussi extrême qui s'arrête à Toulouse et Marseille et Barcelone, l'affluence ce soir était vraiment haute. Arrivé plus tôt que d'habitude, j'ai trouvé à toute cette soirée un esprit de fraternité particulièrement présent. Voir Chris d'Inhumate engager la conversation avec les membres originels de Wormrot en était un bel exemple – je ne sais vraiment pas comment le growleur de la légende Alsacienne se trouvait par chez nous, mais c'était lui on me l'a confirmé. Un pré Mosh Fest, je vous dis.
Le groupe d'ouverture local venait précisément de Marseille. DYING EARTH n'existe que depuis deux ans mais ses membres ne sont certainement pas des débutants. En formation à quatre classique (déjà la dernière basse que l'on verra de la soirée), ils ont proposé un Death plutôt brutal de tradition avec une bonne double, sonnant bien grave mais propre dans la tradition américaine, très vigoureux et tout à fait dans mon style. Le chanteur, fort guttural, se tenait penché très bas en se serrant le larynx avec la main libre. Les bruitages Industriels qui meublaient les silences étaient un peu superflus en raison de la truculence de ce growleur intérimaire à l'accent chantant comme je l'aime : son charisme aurait suffi à maintenir la tension dans une salle déjà à fond. Peut-être que ces samples annoncent un trait de style du groupe, dont le premier EP est encore en gestation à ce que j'ai compris. Le riffing est encore rudimentaire mais ils ont largement la marge pour faire mieux. La fosse avait déjà fait plus que s'échauffer avec le premier "Paquito Mosh" bien de chez nous, pour honorer un set réduit à la demi-heure réglementaire mais convaincant… et obligeant pour l'avenir.
Après un assez long intermède, le groupe qui tournait avec Wormrot se présentait en simple duo batterie-guitare venu de la lointaine et mythique Seattle. Pourtant, POUND a peu à voir avec une certaine scène qui a marqué l'histoire du Rock dans les années 90. Ils ont servi des titres purement instrumentaux, gorgés de riffs et de breaks à la guitare pure branchée sur une valise entière de pédales, le tout cadré par une batterie intenable. Cette complémentarité était même visuelle entre un guitariste à l'énorme barbe sous sa casquette, débonnaire, et un batteur chauve et rasé, poupin dans son casque de retours. Nous nous disions, entre grognards, que c'était parfaitement le genre de groupe dont nous nous sommes nourris pendant plus de quinze ans au Black Sheep, avec son mélange virevoltant de Sludge rapide, de Mathcore déjanté et de Grind bourru. Impossible de rester planté. Je songeais plus précisément à Black Cobra, on retrouvait vraiment cet esprit dans un style un peu plus sale et intense. C'est alors que sortit de nulle part Julien Deyres, chanteur de Gorod (mais que foutait-il là lui aussi la veille de la sortie du nouvel album ?) qui se cala sur le coin gauche en regardant la scène, pour une reprise improvisée de The Warriors. Son regard rivé sur les deux instrumentistes illustrait bien la tension causée par cet exercice non répété mais réussi. Reprenant ensuite la formule de base pour la ligne droite finale, les Américains nous gratifièrent d'un set d'un peu plus d'une demi-heure environ, agréablement décalé entre les deux autres, propre à séduire une autre partie du public local.
Après une autre longue pause, WORMROT firent eux-mêmes leurs balances puis s'élancèrent. Toute réserve fut vaporisée dès les premières secondes par le trio, qui justifia instantanément de son statut suprême dans la scène Grindcore. La conflagration était énorme et parfaitement contrôlée. Rasyid, avec un sourire largement accroché aux oreilles, envoie des riffs abrasifs avec une souplesse exceptionnelle dans le poignet, il pourrait faire du Satriani s'il en avait envie. Mais non. Dans la fosse, les moshers affamés étaient déchaînés, on ne voyait que par bribes ce qui se passait sur la scène pourtant située à quatre mètres de moi. Impossible pour moi de vous commenter en détail la set list tirée d'une discographie assez courte mais essentielle. Pour cette tournée en Europe, c'est le beugleur du groupe Allemand Implore qui prêtait sa gorge, et elle faisait largement l'affaire. Et le batteur ! Même si son kit n'est pas très fourni, son débit le transforme en véritable armement automatique ! Personnellement je regrette l'absence de basse pour agrémenter ce déferlement et arrondir un peu les riffs, mais la mosher team s'en foutait bien visiblement, plus occupée à tourner autour du poteau ou à monter un nouveau paquito. Voire, cette simple formule batterie-growl-guitare est la base de cette sobriété typique des Singapouriens en furie – ils revêtaient des t-shirts "Vans" d'une banalité plate – qui invite à se focaliser sur l'essentiel, à accueillir en pleine poire la colère du Grindcore sans même être distrait par tels détails. C'est presque une forme d'élégance dans la sauvagerie. Et en plus, à trois, ils avaient presque de la place sur cette petite scène en coin. Le set parut assez court hélas (trois quarts d'heure, à la louche), mais marquera les mémoires.
Sous une petite pluie bienfaitrice, les gens restèrent assez longtemps à l'abri du préau pour prolonger l'effet de cette authentique célébration du Grindcore du siècle présent. Mais je n'étais pas frais, le lendemain.
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09