Year of No Light + Violence + Cavalerie + Citrus

Year Of No Light, Citrus, Cavalerie, Violence

Victoire 2, Saint-jean De Védas (France)

du 12/10/2024 au 12/10/2024

Le déplacement à Toulouse devait inaugurer un automne bien chargé, mais ça remonte déjà à presque trois semaines. Entretemps, il y a eu une annulation. Je ne suis pas allé non plus au Just'n Fest dans un village de la petite Camargue, l'affiche ne me motivant pas assez – elle a dû souffrir de la pluie. Maintenant arrive le long festival "Ex tenebris lux", désormais institutionnalisé, que l'association "What the Fest" organise sur un mois et demi dans divers lieux de Montpellier, parfois insolites. Je vous en ai déjà parlé les années précédentes, ainsi que des nombreuses soirées que WTF monte aussi le reste de l'année. Je ne participerai pas à tous les concerts proposés sur cette édition, mais l'association est quand même largement coupable de cette surcharge à mon agenda ! Nous avons de la chance d'avoir des passionnés qui se démènent à faire vivre la – ou même plutôt les – scènes de la musique indépendante en se donnant les moyens d'offrir des plateaux de qualité dans des styles variés avec une progression sensible au fil des ans, en qualité comme en densité. La fortune sourit aux audacieux.

La campagne 2024 commençait donc par la réédition des "États Généraux du Metal", comprenant sur une journée dans la SMAC locale avec stands de puces et disques, ateliers, leçons dispensées par des musiciens professionnels, tables rondes et conférences, partenariats officiels et associatifs multiples, clôturé par un concert éclectique de groupes français (headbanguons français !). En fait, le plan s'inspire clairement des États du Rock, un festival au concept similaire qui s'était tenu à Montpellier à la charnière des années 80 et 90, mais qui était complètement orienté vers le Rock français dit alternatif de cette époque. La déferlante techno 90's en avait eu brutalement raison. Depuis trente ans, l'absence de festivals visibles et intégrés a fatalement marginalisé la scène dans des concerts réguliers, de qualité, mais invisibles pour le grand public. Avec le "Palmarosa" plus Pop qui tente une croissance périlleuse sur son créneau d'août, le Rock semble de retour dans la vie officielle de la ville, depuis la fin de la pandémie.

Ne participant pas au programme de la journée, passons directement au concert. Du reste, la pluie a contraint à annuler une partie des activités.

L'affiche commençait par reprendre une autre annulée l'an dernier. Les hostilités étaient ainsi ouvertes par l'une des dernières sensations locales. CITRUS est un jeune quartet en colère qui bombarde un Hardcore Punk urgent au chant rauque presque Crust, alourdi par la basse sur des riffs moshy acérés et plombés. Le grand beugleur parcourait la scène à larges pas tandis qu'en bas dans la fosse quelques motivés tentèrent un pogo agressif que la sécurité calma rapidement (c'est plus dangereux quand il y a de la place, je ne vous apprends rien). N'ayant encore qu'une démo et un EP à son actif, le groupe y ajouta une ou deux reprises du même tonneau et une communication aussi brute que sa musique. C'était plié en vingt minutes, mais nul doute qu'on se reverra.


On restait dans le dur et le sale avec leurs camarades Parisiens de CAVALERIE, qui ont pu se maintenir grâce à un guitariste pigiste. Tenues noires, cuir, logo armorié en fond et cheveux longs, il s'agit clairement de pur Crust qui fuzze et galope à la bordure du chaos sonore (les métaphores équestres sont inévitables). Le chant est véritablement vomi avec amertume sur des riffs assourdissants entre deux larsens et un solo arraché à la Discharge. Difficile d'y distinguer le son de la grande basse du chanteur qui agitait généreusement sa blonde crinière (…inévitable, je disais) autrement que par l'amplitude sonore qu'elle conférait tant aux riffs qu'à une batterie constamment dans le rouge. Tout en privilégiant des thèmes crus et glauques comme la vie dans la lignée des origines Punk du genre, le court répertoire sonne quand même plus Metal comme Hellhammer ou nos compatriotes de Zoldier Noiz. La bassiste de Citrus remonta sur scène et se vit confiée l'instrument du chanteur, qui s'empara ensuite du micro à deux mains alors que monta le riff historique d'"I Wanna Be Your Dog", reprise finale parfaitement réappropriée, cohérente, qui offrait son tempo nettement plus lent comme sortie adroite pour un set très intense d'un gros quart d'heure (!!!) qui confirmait la réputation gagnée par le combo.

En nous retournant, il fallait admettre que l'affluence était certes correcte mais en-dessous de ce qu'on aurait pu espérer. Peut-être que la concurrence d'un autre concert de Metal à un jet de pierre de là a gêné, mais Myrath n'a pas vraiment le même public. Je pense plutôt que les fans, très sollicités par un programme fourni, ont fait des choix et qu'une affiche aussi diverse représente un risque accru.

Accompagnant les stands, il y avait quelques panneaux venus du musée de la SACEM brossant l'histoire du Metal en France sous un angle sociologique, vulgarisateur et valorisant, de Magma à Gojira en passant par le Hard français de Satan Jockers (…) et l'apparition du Trash Death (sic) au début des années 90. La forme, c'est le fond qui remonte à la surface.


Avec VIOLENCE il ne s'agit pas du mythe ressuscité du Thrash Bay-Area, ravalons nos fantasmes et déceptions gratuites. Après avoir pris le temps nécessaire pour installer la bannière de fond et un équipement plus important, leur set commença par une longue intro Electro menée par un seul membre sur une table de synthétiseur placée en arrière au centre, alors qu'une batterie attendait à droite en regardant. Puis la formation complète s'installa avec un guitariste, un batteur donc et un chanteur en tenue de combat de rue (vêtements noirs serrés, foulard sur le visage, sac à dos collé, casquette basse sur les yeux). Le gang servait un mélange d'Electro Dubstep et de Deathcore Beatdown écrasant sous tous les angles possibles. C'était physique, et ça résume bien les modes de notre époque. Parfois, les parties Metal atteignaient le Slam Death, et certains passages synthétiques s'affranchissaient du code dominant pour se rapprocher d'une Indus plus classique, quelques instants. On pense bien sûr à Igorrr et Whourkr, mais Violence est moins déjanté, focalisé sur une idée bien précise. Une première panne technique permit de découvrir que le chanteur avait une personnalité assez truculente et sympathique. Il s'était promené auparavant avec un t-shirt de Cerebral Bore dans la salle, c'était donc quelqu'un de bien. Ceci dit, j'ai fini par me lasser du mitraillage incessant aux éclairs blancs et d'un mélange entre styles qui ne m'emballent pas malgré leur succès actuel. J'ai donc battu en retraite pour remettre les niveaux puis suivre l'essentiel du spectacle depuis les derniers rangs. Avec ou sans moi, Violence devrait sans peine s'imposer tant il offre ce qu'une grande partie des fans actuels recherchent.


Retrouver YEAR OF NO LIGHT, c'était renouer avec la bonne époque des petites soirées dans des caves anciennes en ville. Mais la vaste scène de Victoire 2 est quand même plus confortable, surtout quand on est six avec deux kits de batteries et deux claviers posés cette fois au centre et au premier rang. Il m'a fallu un certain temps pour m'immerger dans ce dernier set, si différent des précédents, même si avec l'âge j'apprécie mieux ce style qu'avant. D'ailleurs une partie de l'assistance s'était déjà retirée. La discographie des Bordelais ne s'étant étoffée que d'un seul album depuis la dernière fois en 2016, nous retrouvions la même formule mêlant Drone, Doom, Sludge et Post-Rock sur des compositions déliées, purement instrumentales si l'on excepte quelques douces vocalises enregistrées apparaissant fugitivement, et toujours structurées en montées selon le schéma fréquent du premier et du dernier style cité. Les morceaux sont épais, avec trois guitares de types différents, une ou deux couches de claviers selon que le bassiste s'occupe de son premier instrument ou du petit Moog plat en façade. Surtout, quand l'autre claviériste passait à la deuxième batterie, cela permettait des combinaisons rythmiques assez remarquables avec l'autre batteur permanent : la synergie de l'ensemble y trouvait sa pleine force. Le volume sonore me parut plus raisonnable qu'à l'époque, peut-être à cause de l'espace bien plus grand, ou d'une surdité montante… Ceux qui étaient restés appréciaient pleinement, même si cette musique de rêveur porte plus au voyage intérieur qu'aux épanchements spectaculaires.

Plutôt réservé comme de vrais Bordelais et à l'image d'une musique sans paroles, le groupe s'exprima enfin pour remercier vivement les vieux amis qu'ils se sont fait chez nous dès leurs débuts, ainsi que pour évoquer un membre historique affrontant semble-t-il une longue maladie. C'était avant le dernier titre qui nous emmena au terme d'une heure de jeu, culminant avec la Fender brandie à bout de bras qui faillit se faire fracasser au sol avant une ultime coupure de son bien sèche.


Ayant un rendez-vous en début de matinée le lendemain je ne me suis pas éternisé sitôt le set terminé. Je n'ai pas enchaîné non plus avec la grosse affiche Black du lendemain, mais ça va vite suivre.

par RBD le 16/10/2024 à 12:03
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