Après le New-York Hardcore, Camion blanc s’intéresse de près à la scène Punk de L.A, qui finalement, ne fut pas si différente en termes d’intensité, de créativité, et de rayonnement temporel et spatial. S’il est vrai que le fan se sentira plus fasciné par le versant le plus radical du Punk venu de la grosse pomme, il est indéniable que le bouillonnement créatif de la Californie représente un pan très important de la culture underground américaine, et a permis à bon nombre de chantres du DIY de se faire un nom, la plupart du temps, par eux-mêmes, comme le voulait leur philosophie du désespoir.
C’est donc cette histoire qui vous est contée via Under The Big Black Sun, titre du troisième album des héros locaux de X, dont John Doe, bassiste/chanteur est l’un des narrateurs de l’œuvre, accompagné de la plume de Tom DeSavia. Dans une optique commune à bon nombre d’ouvrages consacrés à l’underground, ce nouveau pamphlet publié par Camion Blanc laisse donc la parole aux principaux intéressés, qui nous livrent leur version de l’histoire, et surtout, de leur histoire. Ces témoins sont nombreux, et d’importance, puisqu’ils constituent l’ossature du squelette Punk californien, et au travers des quatre cents et quelques pages du bouquin, vous tomberez donc sur la prose de musiciens aussi célèbres qu’Exene Cervenka (X), Henry Rollins (BLACK FLAG), Mike Watt (THE MINUTEMEN), Jane Wiedlin and Charlotte Caffey (GO-GO'S), Dave Alvin (THE BLASTERS), Chris D. (THE FLESH EATERS), Robert Lopez (THE ZEROS, EL VEZ), Jack Grisham (T.S.O.L.), ou Teresa Covarrubias (THE BRAT), mais aussi de journalistes ayant vécu l’aventure intérieure, à l’instar de Pleasant Gehman, Kristine McKenna, ou Chris Morris.
Il était donc impossible de passer sous silence le volume original, qui se retrouve une fois de plus traduit par Angélique Merklen la translationaholic woman de l’impossible, qui s’est une fois de plus démenée pour adapter ses mots à ceux qui les ont prononcés. Ces mêmes mots sont le plus souvent directs, la formulation sans ambages, et le style adapté à celui d’une musique qui n’a jamais fait dans la dentelle ou l’ouvragé à outrance. Nous retrouvons donc des chapitres consacrés à divers groupes, dont X, les WEIRDOS, GERMS et les GO-GO’S sont certainement les plus fameux, ainsi que d’autres plus intimes, et focalisés sur l’underground de l’underground, avec des formations n’ayant pas passé le stade de la démo, ou des quelques concerts. Ces témoignages presque pris sur le vif sont bien évidemment captivants, et dépeignent à merveille la vie dans la capitale californienne, qui fut une des premières à se mettre à l’heure du Punk, après que les RAMONES, les STOOGES et les NEW YORK DOLLS aient tiré la sonnette d’alarme.
Décomposé en petites sections longues de quelques pages, agrémenté de nombreux interludes photographiques fascinants, Under The Big Black Sun se lit comme le journal de bord d’une mémoire Punk parfois chancelante, qui tente de se remémorer à des décennies d’intervalle sa jeunesse perdue, et de célébrer les victimes tombées au champ d’honneur. Si la technique adoptée est la meilleure pour embarquer le lecteur dans un voyage aux confins des portes des clubs et autres buildings lugubres et décatis, il faut quand même reconnaître que ce nouveau volume n’a pas le rayonnement de son aîné NYHC, puisque seuls une poignée de groupes et d’artistes s’y retrouvent évoqués.
L’agencement n’est pas forcément chronologique, et les premiers chapitres plantent le décor avec une acuité graphique bluffante, nous faisant presque entendre les sons de la ville et des discussions animées autour d’un vieux lecteur de cassette fatigué ou d’une platine dans un état similaire. Nous plongeons donc dans l’Amérique désabusée et post-Vietnam de la fin des années 70, qui avait refusé en bloc les effluves pailletés du Disco, et qui commençait à peine à se remettre de la bourrasque Glam’n’Glitter. Si X et les GO-GO’S sont les seuls noms que les encyclopédies « nobles » du Rock ont retenu, de par leur adaptation à des standards radiophoniques et leur familiarisation avec des chiffres de vente dignes du Billboard, les GERMS, BRATZ, EYES, FLESH EATER, ZEROS et autres animateurs de scènes torrides dans les bas-fonds de la ville sont aussi à l’honneur, ce qui permet d’avoir une vue d’ensemble et contrastée du mouvement qui laissait cohabiter les formations éphémères et les groupes à succès. Le ton est évidemment très libre, tout comme l’étaient la technique et l’approche du professionnalisme à l’époque, mais on ne peut s’empêcher de vibrer à l’évocation des débuts de ce mouvement qui a la base, n’avait absolument rien en commun avec la Californie des EAGLES et autres FLEETWOOD MAC. Ici, point d’hôtel, mais pas mal de rumours, des coups du sort, des coups bas, des tragédies, des victoires, et surtout, un gros paquet d’abnégation, et un refus des conventions qui a transformé le Punk en machine de guerre bricolée sur le vif, n’ayant d’autres but que d’annihiler la bienséance pour permettre à des personnalités excentrées et attachantes d’exprimer leur désarroi ou l’exubérance de leur jeunesse.
Pas grand-chose donc à reprocher à un livre que tous les fans connaissaient déjà, mais qui se voit enfin doté d’une VF à la hauteur de son importance. En tant que lecteur, et passionné par le sujet, j’ai bien évidemment adoré le côté impulsif et bref de l’ouvrage, qui ne perd pas de temps en conjectures, même si j’ai regretté une certaine linéarité de ton, qui s’accorde sur la fin assez mal avec le peu d’artistes mentionnés. Les mêmes noms reviennent en boucle, et si ceux de John Doe, d’Exene, de Jane Wiedlin et Charlotte Caffey et de Darby Crash sont les plus prononcés en toute logique, on finit par se rendre compte que la scène de L.A n’était sans doute pas la plus touffue, à l’inverse de son homologue New-yorkaise. Il est parfois assez redondant de relire les mêmes références, et les derniers chapitres paraissent un peu longs tant ils recyclent des éléments déjà portés à notre connaissance un peu plus tôt. Mais l’aspect générique très « fanzine », avec cette alternance d’auto-interviews, de flyers, et de photographies d’époque est complètement séduisant, ce qui aboutit à un bilan largement positif pour ce soleil sombre qui aura plongé la Californie dans une ombre que les mid 70’s n’auront pas su anticiper de leur stadium Rock ou leur Country un peu poussifs et boursouflés.
Alors, si vous n’êtes pas nés du bon côté de l’océan, et si le sujet vous captive, Under The Big Black Sun représentera un excellent testament, celui d’une scène qui aura fait grand bruit, au sens propre comme au figuré, et vous allez vous plonger dans des courants qui ont secoué la mer de certitudes de l’Amérique post-Nixon qui allait bouffer son Reaganisme jusqu’au trognon. Un livre à dévorer d’urgence, avec la bande son idoine, une bonne compilation du genre Tooth and Nails faisant largement l’affaire. En version vinyle un peu craqué évidemment.
LANGUE: Français
TRADUCTION : Angélique Merklen
PARUTION: 18 Mai 2017
MAISON D’EDITION D’ORIGINE: Da Capo Press
MAISON D’EDITION FRANCAISE: Camion Blanc
NOMBRE DE PAGES : 426
GENRE : California Punk
DIMENSIONS : 15 x 21 cms
ISBN-10 : 2357799560
ISBN-13 : 978-2357799561
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